Julie Maillard a réuni quatre grands auteurs classiques pour évoquer le mythe de la femme vampire : Edgar Allan Poe, Jean Lorrain, HG Wells et JH Rosny aîné. Des auteurs qui ont largement contribué au développement de la science-fiction…
Dans la collection Mikros classique des Editions de l’Aube, Julie Maillard a regroupé quatre textes de quatre auteurs venus d’horizons différents pour proposer un recueil de nouvelles autour de celle écrite par J.-H. Rosny aîné, La jeune vampire, qui occupe, à elle seule, près de la moitié de cet ouvrage. Autour de l’auteur belge, elle a rassemblé un Américain, Edgar Allan Poe, un Anglais, H.G. Wells, et un Français Jean Lorrain pour parler des femmes fatales, des femmes mythiques, des femmes qui séduisent les hommes pour mieux les anéantir.
Julie Maillard a choisi dans l’œuvre de Poe, une nouvelle intitulée : Bérénice du nom de l’héroïne éponyme de cette nouvelle. Elle est aussi pétillante que son cousin est mélancolique et maladif, et pourtant celui-ci l’aime à la folie surtout pour ses dents qui les fascinent. Mais, Bérénice est affectée d’épilepsie et sombre bientôt sous les coups de la maladie. Le narrateur ne peut pas se résoudre à ne plus voir les dents de Bérénice qui et tente une manœuvre désespérée pour sauver son trésor. Ce texte est la traduction de Charles Baudelaire.
Chez Wells, Julie, a trouvé une nouvelle dans laquelle une orchidée symbolise une jeune fille très séduisante. Elle est vénéneuse mais le collectionneur veut absolument l’ajouter à sa collection. Mal lui en a pris, la belle est farouche et sa réaction est fatale.
La nouvelle de Lorrain est habitée de vampires, des êtres mythologiques, qu’une magnifique dresseuse utilise pour construire un étonnant spectacle avant de les enfermer dans une cage bien fermée car ses individus sont extrêmement dangereux. Séduite par la dresseuse, le narrateur dort dans sa roulotte avec la cage des vampires qui mystérieusement s’évadent non sans l’avoir détroussé avant de disparaître. Vengeance ?
La nouvelle éponyme de Rosny aîné est elle aussi une histoire de vampire, celle d’Evelyn Grovedale, qu’un jeune gentlemen veut séduire. Il parvient à ses fins mais la belle ne veut pas vire avec lui car elle sait qu’elle doit se nourrir de sang pour survivre. Ils trouvent un compromis leur permettant de vivre leur amour et même d’avoir un enfant qui pourrait, hélas, être lui aussi un vampire comme sa mère.
Ces quatre nouvelles appartiennent au mouvement initié par Wells qui est peut-être à l’origine de la science-fiction moderne. Elles sont fortement marquées par le scientisme de fin du XIX° siècle, on pourrait même les rapprocher du « pari illusionniste » illustré par Villiers de l’Isle-Adam et son Eve future et Georges Rodenbach et son héroïne de Bruges la morte. Des héros qui, grâce au progrès scientifique, pouvaient se dédoubler, disparaître, réapparaître, revenir de l’autre monde, habiter un autre corps…
Denis Billamboz