La seconde saison de Invasion est-elle meilleure que la première ? C’est certainement la question que se posent les nombreux téléspectateurs déçus, mais la réponse n’est pas si évidente…
Nombreux sont les téléspectateurs découragés par la lenteur de la première saison de Invasion, diffusée il y a près de 2 ans déjà, et qui n’ont pas voulu prendre le risque de se lancer dans une seconde livraison de 10 épisodes. Et on imagine bien que la question que se posent ces téléspectateurs échaudés, c’est tout simplement : « Alors, ça y est, il se passe quelque chose, enfin, cette fois ? ». Avouons-le tout de go : les choses ne sont pas si simples que ça…
Rappelons que Invasion, c’est une nouvelle version de l’histoire bien usée d’une attaque globale extra-terrestre contre la planète, et de la difficile résistance des « terriens » contre une technologie sinon supérieure, du moins incompréhensible. Par rapport au schéma créé il y a bien longtemps par H.G. Wells, Simon Kinberg, David Weil et leur équipe ont évidemment modernisé leur approche : on n’est plus ici devant des scènes classiques de bataille rangée ou de destruction massive de la Guerre des Mondes, ce que pas mal de gens ont regretté, mais devant un combat « d’intelligence » où il s’agit de comprendre l’autre pour pouvoir le combattre (la référence étant Premier Contact, le chef d’œuvre de Villeneuve). Qui plus est, on abandonne, au moins en partie, l’égocentrisme où une guerre globale est présentée avant tout comme un problème états-unien ou, au mieux, britannique, mais on nous montre des lieux géographiques différents (Japon, Moyen-Orient dans la première saison, Brésil, France, dans la seconde) et des personnages d’origine et de culture différentes. Tout cela est évidemment à porter au crédit de la série, avec les effets spéciaux dans l’ensemble très acceptables.
Cette seconde saison corrige la sensation d’éparpillement excessif entre des lieux géographiques et des personnages différents de la première, avec trois lieux principaux où se concentrent l’action : la forêt amazonienne où des scientifiques tentent d’entrer en contact avec l’intérieur d’un vaisseau alien qui s’y est abimé, la région parisienne (pas filmée à Paris, mais bon !) où débarquent nos collégiens anglais à la recherche de leur copain disparu, après un passage angoissant par le Tunnel sous la Manche, et la région des Etats-Unis où a débuté la série, et où est désormais établie une mystérieuse base militaire US. L’arrivée d’un nouveau format d’envahisseurs, mi-insectes, mi-sangliers, permettra à la série de nous gratifier de quelques scènes d’action classiques qui sont une véritable bouffée d’oxygène, tandis que le mystère paranoïaque planant sur le sort des personnes « enlevées » par les aliens et sur le rôle du gouvernement US est assez prenant.
Le problème est que, à nouveau, toute la partie sur les ados anglais est totalement soporifique et inutile, et que l’affrontement mental entre la scientifique japonaise et l’entité extra-terrestre (et que je te copie l’idée de James Cameron dans Abyss pour représenter cette entité) s’avère beaucoup trop mou et abstrait, pour ne pas dire incompréhensible : c’est là où la comparaison avec le film de Villeneuve fait vraiment mal !
Le pire est que, alors que l’on s’achemine vers une conclusion du conflit qui semble proche, le dixième épisode ne règle rien, et annonce au contraire une troisième saison dont on a du mal à ce stade à saisir l’intérêt. Et il est probable qu’il y aura encore moins de téléspectateurs devant les dix prochains épisodes.
Eric Debarnot