En commençant très, très fort, avec deux épisodes mémorables, la seconde saison de Bosch : Legacy se condamne à décevoir ensuite, inévitablement. Pourtant, et ce en dépit de défauts qui n’étaient pas dans la série originale, nous restons parfaitement accros à cette adaptation fidèle à l’œuvre de Michael Connelly…
La première saison de Bosch : Legacy, la nouvelle série poursuivant l’adaptation des enquêtes de Harry Bosch, le détective star de Michael Connelly, désormais retraité du LAPD et passé « du côté obscur » puisque travaillant comme enquêteur au service d’un cabinet « d’avocats de la défense », se terminait sur un cliffhanger insoutenable : l’enlèvement de Maddy, la fille de Bosch, par le serial violeur qu’elle traquait. Il nous aura fallu attendre plus d’un an pour découvrir le sort qui lui a été réservé… même si le premier épisode de la seconde saison (The Lady Vanishes, clin d’œil à Hitch) débute quelques minutes après la fin de la première : c’est la magie des séries TV !
Il faut bien reconnaître que le démarrage de cette seconde saison est un pur shot d’adrénaline, combinant tension extrême, forte intensité émotionnelle – puisque depuis les débuts de la première série, Bosch, alors qu’elle n’était quasiment qu’une enfant, nous nous sommes attachés au personnage de Maddie, et ressentons d’autant plus l’épreuve à travers elle et son père passent lors des deux premiers épisodes – et coup de théâtre bien pensé. Et puis il y a l’indéniable bonus de retrouver tous les personnages de la série originale, dont la brève apparition nous fait ressentir combien, malgré tout, on a perdu dans le passage de relais à Bosch : Legacy. Mais le véritable problème est que, logiquement, lorsque la série reprend ensuite son rythme « habituel », l’impression d’une décélération – et donc d’une déception – lui est presque fatale.
Il faut dire que les deux fils narratifs conduits en parallèle (procédé habituel avec la série et avec Michael Connelly) ne sont pas réellement passionnants : en revenant sur l’épisode « jamesbondien » de la raffinerie dans la première saison, qui était son gros point faible, et en nous proposant une nouvelle enquête qui s’avère cette fois beaucoup trop confuse, Connelly et ses scénaristes ne facilitent pas notre adhésion !
Heureusement, peu à peu, la saison retrouve son punch, grâce à de beaux personnages de « méchants » (car comme disait Hitchcock, bla bla bla…), et à l’excellente idée de construite sur l’ambigüité de l’admiration professionnelle que Maddie (Madison Lintz, plus assurée que lors de la première saison, alors qu’elle est désormais un personnage central) ressent pour son père (Titus Welliver, empâté, mais toujours parfaitement adéquat), alors que celui-ci – qui n’a jamais été, on le sait, un flic modèle – a des comportements de moins éthiquement acceptables.
Ce qui nous amène à une belle conclusion, à un joli coup de force de Honey Chandler (Mimi Rogers), dont on apprécie le petit cadeau d’un ultime face à face avec Irvin Irving (le grand Lance Reddick, malheureusement disparu depuis). Et puis il y a ce cliffhanger psychologique final, beaucoup moins stéréotypé finalement que celui de la première saison. Et ce qui, surtout, conforte notre addiction à cette série qui, sans coups d’éclats et sans guère de support médiatique, s’est imposée au fil des années comme l’une de celles que nous avons le plus de plaisir à retrouver chaque année.
On se retrouve donc à l’automne 2024, pour suivre les prochaines étapes de « la vie de Maddie »…
Eric Debarnot