Sean Phillips et Ed Brubaker, stars de la bande dessinée anglo-saxonne et habitués du prestigieux prix Will Eisner, nous présentent Descente aux enfers, le cinquième et dernier opus du cycle de Reckless.
Dans la plus pure tradition des vieux polars américains – pensez à Sam Spade de Dashiell Hammett ou à Philip Marlowe de Raymond Chandler – Nathan, le héros de Reckless, est un hard-boiled hero, comprenez un dur à cuire.
Nathan est un privé. Le scénario de Ed Brubaker est parfaitement troussé. En seulement trois pages, nous découvrons que, depuis un an, ce curieux détective vit au Surf Inn, un minable motel californien situé au bord de la plage. Il surfe tôt le matin, puis, après avoir avalé des tacos ou un burger, rejoint son amie dans un cinéma. Entre temps, il a lu et effacé ses messages téléphoniques. Sa dernière enquête lui ayant suffisamment rapporté, Nathan refuse toutes les affaires.
Il semblerait que, jadis, Nathan ait pris un coup plus fort que les autres. Depuis, il ne ressent plus aucune émotion. Ou, plus exactement, il n’en ressent plus qu’une : la colère. Et, quand on le met en colère, il frappe, il frappe fort. De fait, vous avez compris, il semble choisir ses clients en fonction de ses colères.
L’histoire est racontée à la première personne. Bien que peu loquace, Nathan nous révèle les origines de l’affaire qui l’a conduit à la troublante Rachel… Une enquête qui a tôt fait de se mur en road-movie sanglant dans les basfonds californiens. Or, comme de bien entendu, Nathan va se laisser séduire par l’ombrageuse Rachel. Ed Brubaker nous livre un très beau portrait de femme en colère.
Immédiatement identifiable, le dessin de Sean Phillips est précis et rapidement jeté. Cet amateur de polars travaille très habilement ses ombres. Par chance, Nathan ne recherche pas la lumière. Désabusé, il sourit peu, mais sait écouter. Dans une interview récente, Phillips avouait réaliser pas moins de 300 pages par an, ce qui donne une idée de la productivité atteinte par les meilleurs auteurs de comics…
Stéphane de Boysson