Désormais nanti d’une réputation de performer live incandescent, Yves Tumor se produisait de nouveau à Paris. Pour une déception en partie liée aux parti pris d’éclairage du concert.
Après un dernier album bien accueilli par la critique et un set à We Love Green, Yves Tumor revenait sur la Capitale pour un concert à guichets fermés à l’Elysée-Montmartre. En première partie, le duo californien Nation a proposé une musique évoquant la pop synthétique anglaise 1980s, Underworld, le rock industriel… Le chanteur avait beau prendre des postures de rapper, le sentiment de déjà entendu lassait rapidement…
Puis ce fut Yves Tumor. Remarque préliminaire : non, je n’étais pas dans les premiers rangs de la fosse. Je conçois que l’impression puisse avoir été très différente pour des personnes nettement plus proches que moi de la scène. Je sais aussi que la plupart des live report anglo-saxons parlent de concerts incandescents. D’ailleurs les extraits Youtube de ses prestations me faisaient envie. Oui mais… Mon adhésion fut freinée par un point basique : Yves Tumor portait un look glam extravagant, oui mais… all dressed in black, avec cependant un effet diamant au niveau de l’entrejambe. Une allure majoritairement corbeau qui, couplée à un éclairage ne rendant pas forcément visibles à distance les visages des musiciens, n’aidait pas à l’implication émotionnelle. J’ai eu le sentiment désagréable d’avoir à deviner la prestation de Tumor. Je voyais bien Tumor et/ou ses musiciens lever les bras en mode MC pour chauffer la salle. Je le voyais aussi interagir avec le premier rang ou tenir le micro façon rapper. Mais le cœur vibrait plus pour la musique que pour une prestation scénique ressemblant à un théâtre d’ombres à cause de l’éclairage. Un choix plus gothique que funky, là où la musique de Tumor se tient à distance égale de ces deux aspects.
Ceci dit, il y avait Chris Greatti, pour lequel mon jugement fut vite clair en dépit des questions de lumière. Globalement, les musiciens étaient excellents, restituant bien le pont Minneapolis/Crawley construit sur disque. Greatti n’a pas démérité rayon déploiement d’énergie et il ira d’ailleurs slammer dans la fosse, guitare en mains, en fin de concert. Il y avait en revanche quelque chose d’agaçant à le voir réciter les poses du parfait guitariste rock, poses semblant avoir été apprises au musée. Et ses solos avaient parfois l’odeur d’une certaine frime façon Metal commercial des années 1980. Pour le meilleur et le pire, il volait la vedette à Tumor dans ces conditions très particulières .
Alors oui, une fin de concert un peu plus « éclairée » a permis de comprendre la réputation live d’un Tumor déployant son énergie à la manière d’un club de foot anglais voulant arracher le nul durant les arrêts de jeu. Et je lui demeure reconnaissant de donner à un Rock qui a accompagné les adolescences corbeaux des années 1980 une survivance moins figée que les multiples Cure wannabes. Mais j’ai un peu regretté de ne pas avoir plutôt vu Tumor de jour à We Love Green. Je lui donnerai peut-être un seconde chance live dans d’autres conditions.
Texte : Ordell Robbie
Greatti est un monstre technique mais c’est vrai que ce n’est pas un champion de la retenue ^^