Auteur d’un second album très réussi, The dancing king, le Basque Rüdiger évoque 10 albums du moment et de toujours chers à son coeur. Une sélection passionnante !
Déjà croisé aux cotés de Petit Fantôme ou Botibol, le Français Rüdiger est de retour avec un second album, The dancing king, paru sur Usopop Diskak et Forbidden Colours. Un album composé de 10 titres pop rock psychédéliques duquel ressortent quelques singles sacrément accoucheurs. L’occasion d’aller demander à ce Basque d’origine d’évoquer 10 albums de son choix. Un sélection érudite et passionnante !
5 disques du moment :
Water from your eyes – Everyone’s crushed
Je suis tombé sur ce groupe complètement par hasard grâce à un post de Wayne Coyne (des Flaming Lips): une photo du groupe sur scène et son commentaire hyper enthousiaste. C’est tellement étrange et fou, en restant catchy et écoutable. Super production entre collages, songwriting impeccable et d’innombrables détails qui surgissent à chaque écoute. Contemporain et punk, abrasif et onirique. Mon disque de chevet depuis 6 mois !
This is the kit – Careful of your keepers
Tous les disques de This is the Kit sont superbes. J’écoute régulièrement le dernier en date, la voix de Kate agit sur moi comme un antidépresseur. C’est tellement minimal et bienveillant… J’aime beaucoup les interventions de piano sur la fin du disque , ça me renvoie aux arrangements de Nick Drake. Écoutez les disques de Rozi Plain, sa bassiste, ils sont tous géniaux aussi!
Kevin Morby – This is a photograph
Ma grosse claque live de cette année ! Même si le mec est un peu froid et tend à refaire toujours le même disque, c’est le meilleur concert d’Americana que l’on peut voir ces dernières années selon moi ! Excellents choix de musiciens et d’arrangements, la production est impeccable et toujours aussi fraîche.
Harat – Harat
Harat est un groupe de mon village, Bera, dans les montagnes basques. C’est Ibai Gogortza, guitariste chanteur de Borrokan (un groupe mythique d’ici qui ont sorti 3 disques en 25 ans) qui a monté le groupe. Je suis pas sûr que vous pouvez le trouver sur YouTube mais après l’avoir convaincu de diffuser sa musique au-delà des CD vendus dans notre bar d’ici, on peut l’écouter sur bandcamp. Leur musique est un tourbillon de riffs rock mélancoliques et de polyrythmes géniaux, chanté en basque. Unique.
Gareth Liddiard – The bootleg series
Le chanteur des Drones et Tropical Fuckstorm a réédité son disque en solo (Strange Tourist). Pour l’occasion il a aussi édité des versions live de ces chansons, avec 2 ou 3 versions des Drones. C’est le nouveau blues, c’est comme si Townes Van Zandt avait le son des Stooges ou Bob Dylan faisait un disque dissonant. Dense et émotionnel.
5 disques pour toujours :
The Beatles – Rubber Soul (1965)
Le groupe que j’ai le plus écouté de ma vie, et de loin. Quand j’étais petit, nous avions une compilation de cassettes des Beatles à la maison et j’ai énormément de souvenirs de mon frère et moi en train de jouer aux Lego en écoutant cette musique. Maintenant, mon frère est aussi mon producteur. J’ai choisi cet album parce que c’est le premier des Beatles à avoir autant de chansons différentes en un seul disque. On peut écouter du Rock (Drive my car), de la folk psychédélique (Norwegian Wood), du Rythme et Blues (The word), des influences Jazz (Michelle o Girl), de la pop vocale (Nowhere man), ou même du Foxtrot (What goes on).
Radiohead – OK Computer (1997)
Le premier CD que j’ai acheté avec mon propre argent en 1997. Je l’ai toujours chez moi. C’est très proche d’un album des Beatles. Plus tard dans leur discographie, ils ont montré un intérêt pour la musique électronique et le krautrock, mais les textures et la production de la guitare du disque est un summum de la pop. Les chansons ont plusieurs niveaux de lecture, sans jamais que le songwriting en pâtisse. J’aime aussi les thèmes qu’aborde Thom Yorke dans ses textes, sans aucun doute le premier album des années 2000, celui qui reflète les angoisses sociales et écologiques du nouveau siècle. Un chef-d’œuvre.
Gastr del Sol – Camoufleur (1998)
Ma porte d’entrée vers tout le post-rock de Chicago. Un mélange de rock, pop et musique expérimentale. Plus tard, je me suis plongé dans les albums de Jim O’rourke, John McEntire et David Grubbs, et dans ceux de Tortoise, Shellac, Wilco... C’est un album mélancolique, jovial, facile et exigeant. Avec de nombreux arrangements qu’on n’entend habituellement pas dans le rock. Vous pouvez écouter toute la discographie, tous les albums sont géniaux!
Aphex Twin – Drukqs (2001)
Je suis tombé amoureux de cet album au premier regard. Sans comprendre pourquoi ni comment, tout me semblait incroyable : les photos sur la pochette (qui sont des photos du piano avec contrôle MIDI utilisé pour enregistrer l’album) et le contenu, tantôt lent et mélodique, tantôt rythmé et brut. Je ne comprend toujours pas le processus de composition ou les outils qui donnent l’impression qu’il existe une machine qui improvise tout le temps. C’est tellement complexe mais direct… un autre chef-d’œuvre pour moi. De là, la porte s’est ouverte aux artistes du label Warp : Squarepusher, Autechre, Plaid et toute la musique électronique que j’aime. Dernièrement c’est le label Border Community qui me procure le plus de joie.
Paul Motian – I have the room above her (2005)
Le premier album Jazz que j’ai aimé. Ce n’est pas le meilleur, ce n’est pas le plus remarquable, mais c’était mon premier disque de chevet de jazz. Probablement parce que je n’ai pas compris ce qu’il s’y passait la première fois que je l’ai écouté. Mais il y avait quelque chose qui me faisait remettre ce disque, encore et encore, quelque chose de magique et étrange qui m’a complètement absorbé. Cela m’a ouvert la porte au label ECM et au jazz en général… De Duke Ellington à Sidsel Endresen, d’Alice Coltrane à Charles Mingus, la liste est longue.
Rüdiger – The Dancing King
Usopop Diskak/ Forbidden Colours
Sortie : 30 novembre 2023