Nouvel album en format quasi-acoustique pour le Loner, qui ne faiblit décidément pas ! Rien de vraiment nouveau sous le soleil, si ce n’est de nouvelles versions de titres moins ressassés, donc susceptibles d’attiser l’intérêt du fan de base.
Faisons le point… 2023 a marqué un (très relatif) ralentissement vis à vis des années précédentes dans la publication de nouveaux albums de Neil Young : pas de nouveau disque – le dernier album avec Crazy Horse datant de novembre 2022 – mais deux bootlegs faisant désormais officiellement partie des « live » historiques du Loner, dont le passionnant High Flyin’ de The Ducks, et la parution, un demi-siècle plus tard (trop tard ?) du mythique Chrome Dreams. Before and After nous permettra donc d’avoir quand même, alors que nous n’attendions rien de particulier, un « nouveau Neil Young » à glisser sous le sapin…
Ce nouveau disque nous est « vendu » comme une approche totalement nouvelle de sa musique par le vieux roublard : on parle cette fois d’une interprétation / réinterprétation acoustique quasi « live en studio » de treize titres, enchaînés sans silence, donc constituant une sorte de pièce unique, assemblant de très vieilles choses (comme Burned, qui date du Buffalo Springfield) et de très nouvelles (Don’t Forget Love, extrait du dernier Crazy Horse) en un continuum temporel qui prouve surtout que, en dépit de baisses logiques d’inspiration çà et là, il y a une cohérence interne totale dans le travail de Neil. Dans la réalité, il y a fort à parier que, à la première écoute, personne ne sera surpris ni par l’orchestration dépouillée, à base d’accords de guitare acoustique, d’harmonica, de notes de piano cristallines et d’orgue à soufflet, ni par le chant du Loner, heureusement un peu moins chaotique et déchiré que sur The Times, qui nous avait un peu effrayés en 2020 !
Il serait néanmoins dommage d’écarter ce disque comme « un autre live acoustique pas très utile », comme il y en a déjà pas mal dans le flux des « Archives« , car deux ou trois écoutes attentives révèlent des choses intéressantes. La majeure partie des titres ne fait pas partie des incontournables de tout set acoustique de Neil Young : l’ouverture sur I’m the Ocean (un titre de Mirrorball, l’album avec Pearl Jam) pourrait déjà justifier à elle seule l’inclusion de Before and After dans la discothèque de tout fan qui se respecte, mais le tracklist inclut plusieurs réjouissances du même niveau, comme le My Heart si peu joué qui ouvrait le précieux Sleeps with Angels, et qui s’avère magnifique, ou comme le bluesy et dépouillé When I Hold You In My Arms – bénéficiant de quelques notes de guitare électrique – tiré de Are You Passionate? Before and After comporte même un titre quasi inédit, If You Got Love, dont on ne trouve répertorié qu’un enregistrement studio datant de 1982. Du côté « revisite » de classiques incontournables, Neil nous offre par exemple une version jouée à l’orgue, lente et réellement décalée de Mr. Soul, ainsi qu’une interprétation fragile et touchante de Birds…
Bref, il est à peu près certain que chacun d’entre nous, en fonction de ses goûts et de son expérience personnelle à travers la désormais impressionnante discographie de Neil Young, trouvera parmi les 47 minutes de cet album de bonnes raisons de le chérir. Pas si mal, donc, pour un cadeau de Noël inattendu !
Eric Debarnot