Quand la fiction et la réalité s’entremêlent dans un récit où un éditeur devient le personnage d’un roman sans que ce dernier soit au courant, ça donne Le Livre de la rentrée. Un roman délicieusement absurde, plein d’ironie et de clins d’œil, signé Luc Chomarat.
Delafeuille travaille pour un éditeur parisien. Sa mission : trouver le livre de la prochaine rentrée littéraire. Ce doit être un bon texte, et surtout qui doit bien se vendre. Pas facile, mais Delafeuille a sa petite idée en tête, en allant rendre visite à Luc, un ami écrivain, dans sa maison du Sud-Ouest, qui pourrait bien être l’auteur de ce futur roman à succès… même s’il ne remplit pas forcément les conditions voulues. Mais les choses vont prendre une tournure étrange, pour ne pas dire surréaliste quand Delafeuille va tomber peu à peu amoureux de la femme de l’écrivain.
Personnage récurrent des romans de Luc Chomarat, Delafeuille (croisée dans L’espion qui venait du livre et Le dernier thriller norvégien) se retrouve à nouveau au centre d’un roman vraiment pas comme les autres, et dont l’esprit absurde et la fantaisie peuvent rappeler les romans de Fabrice Caro, autre auteur aimant composer avec les situations burlesques et les quiproquos.
Ici, Luc Chomarat nous propose une sorte de récit gigogne, avec une étonnante mise en abyme, celle du livre dans le livre, qui va se dévoiler dans la seconde partie du roman. Un procédé d’abord quelque peu déstabilisant, mais auquel on adhère finalement avec plaisir, d’autant que le truc fonctionne plutôt bien ici et apporte au roman toute sa singularité.
En filigrane, Luc Chomarat dépeint le milieu littéraire avec pas mal d’ironie et de clins d’œil, semblant bien connaître la cuisine interne propre aux maisons d’éditions et aux prix littéraires.
Un roman extrêmement malin, à la fois vif, drôle et léger qui se lira d’une traite ou presque.
Benoit RICHARD