A l’approche des fêtes de fin d’années, rien de mal à vouloir se faire plaisir avec un divertissement familial, non ? Le problème de The Family Plan est que, même s’il est d’emblée fort amusant, il s’évide peu à peu en ressassant des clichés par trop prévisibles…
On parle de plus en plus de l’utilisation de l’IA dans les domaines artistiques, tout au moins dans la partie émergée, la plus commerciale, de l’iceberg. On peut très bien imaginer que, en période de grève dure des scénaristes à Hollywood, Apple TV+ ait décidé de peaufiner (ou peut-être de même de réaliser entièrement) le scénario de son divertissement familial de fin d’année, The Family Plan, à l’aide de ce genre d’outil… même en créditant officiellement un certain David Coggeshall (quasi inconnu au bataillon) ! Car, en demandant à ChatGPT de nous pondre une histoire reprenant un mix de La Totale / True Lies et de toutes les copies qui ont suivi, en insistant sur l’habituel respect des valeurs familiales fondamental en cette période de Noël, il est hautement probable qu’on aurait obtenu exactement ce qu’on a demandé à Simon Cellan Jones (lui non plus, pas très connu, plutôt impliqué dans la réalisation de quelques épisodes de séries TV) de filmer, et à Mark Wahlberg et Michelle Monaghan de jouer.
Vous l’avez compris, il s’agit dans The Family Plan du retour à la « vie active » d’un ex-tueur travaillant pour une agence gouvernementale US, recherché depuis des années par son ex-boss après qu’il ait disparu en devenant le parfait américain moyen à Buffalo : vendeur de voitures d’occasion, père de deux ados ne vivant que pour leur smartphone et leurs jeux vidéos et d’un bébé, amoureux de sa femme et toujours satisfait de la routine quotidienne la plus lénifiante. Il va donc essayer d’échapper à ceux qui le traquent sans que sa famille ne remarque quoi que ce soit, ce qui n’est pas simple quand on a une horde de tueurs à gages à ses trousses…
Curieusement, en dépit de sa prédictibilité totale, The Family Plan commence plutôt bien en format de pure comédie familiale, émaillée de quelques scènes d’action sympathiques et surtout pas trop envahissantes. Wahlberg fait du Wahlberg avec son habituelle efficacité (même s’il devrait désormais accepter son âge et ses probables cheveux gris ici cachés derrière une teinture trop voyante !), et Monaghan est absolument parfaite, littéralement pétillante d’énergie sans jamais tomber dans les clichés… elle ! Et puis il y a ce chouette gag récurrent du bébé, seul complice de son père dans les passages de baston. Du coup, on acceptera les leçons de morale lourdingues sur les excès de réseaux sociaux et de jeux vidéo (d’autant plus que le talent du fiston aux jeux vidéo servira au scénario plus tard…). Bref, on boucle sa ceinture pour un road trip sympathique, avec un arrêt très réussi dans une université qui donne un coup de jeune aux deux parents encroutés dans leur routine.
Jusque là, tout allait à peu près bien, jusqu’à ce que notre petite troupe, et le film avec eux, débarque à Las Vegas, pour une dernière partie basée sur des scènes d’action interminables, mais surtout sans aucune imagination… Une dernière partie que le « scénario » tente de booster à coups de twists pourris (car prévisibles, encore une fois), et qui voit le film s’effondrer en ressassant des situations mille fois vues et sans aucun intérêt.
Malgré tout, on ne pourra pas prétendre avoir passé un mauvais moment devant The Family Plan, juste avoir été déçu par la fainéantise d’une telle production, qui, de plus, passe à côté du potentiel d’acteurs de la classe de Wahlberg et Monaghan (sans même mentionner Ciarán Hinds, que l’on a jamais vus aussi peu charismatique !)… Ils méritaient mieux. Nous méritions mieux.
Eric Debarnot