Dans ce second épisode des aventures de Kalmann, on retrouve avec plaisir ce personnage singulier, l’idiot d’un petit village islandais, mais un idiot du village qui aurait oublié d’être bête.
En 2023, Alain Marciano nous avait fait découvrir avec Kalmann, cet auteur suisse installé en Islande : un parcours pour le moins atypique que celui de Joachim B. Schmidt ! Après Kalmann, voici le second épisode traduit en français : Kalmann et la montagne endormie.
C’est avec beaucoup de plaisir que l’on retrouve ici cet incroyable personnage, Kalmann, l’idiot (pas si bête) du petit village islandais de Raufarhöfn et sa litanie de « correctomundo » (c’est un fan de séries tv et de hamburgers).
“[…] Personne ne veut être le plus bête. Mais quelqu’un doit être le plus bête, et quand on est comme moi, c’est plus malin de ne pas le nier.
[…] Correctomundo ! me suis-je exclamé fièrement.”
Le voici encore un peu plus désemparé puisque son grand-père, le seul qui se montrait vraiment bienveillant envers Kalmann, vient de décéder (rappelez-vous : il était à l’EHPAD dans l’épisode précédent).
“[…] Grand- père et moi, on était aussi inséparables que le hamburger et les frites.
[…] — Ben disons que… ton grand-père n’aurait pas gagné le concours de popularité, a dit Elínborg d’un air songeur.
— Ça existe chez nous ? ai-je demandé, surpris.
— C’est juste une façon de parler, m’a expliqué Þóra.
Mais cela ne m’a pas empêché de me demander qui remporterait le concours de popularité de Raufarhöfn, s’il y en avait un. Hafdís, sans doute. Ou moi.“
Cette fois on découvre avec surprise notre ami Kalmann aux US, arrêté par les flics !
Un épisode qui nous vaudra quelques bons mots !
“[…] À part le fait que j’ai été arrêté par le FBI, je me plaisais beaucoup aux États-Unis.
[…] Les Américains sont comme ça, hyper sympas et reconnaissants bien qu’ils partent sans arrêt en guerre.”
Pourquoi est-il parti là-bas ? Comment se retrouve-t-il menotté et interrogé par le FBI ?
Pour comprendre, il va falloir revenir un peu en arrière jusqu’à cette lettre inattendue que sa maman a reçu …
De retour en Islande après l’épisode FBI, notre « shérif » Kalmann va devoir mener une véritable enquête sur une mystérieuse affaire d’espionnage, oui, oui : l’Islande est un pays au passé (un petit peu) agité et Kalmann va réveiller la montagne endormie.
La mise en scène d’un personnage de débile ou de simplet est un exercice délicat et généralement plutôt casse-gueule. Joachim B. Schmidt s’en tire très honorablement car il prend soin de faire de son idiot un clairvoyant, comme celui de Dostoïevski : un innocent qui scrute ses concitoyens d’un regard vif et perçant. Les dialogues décalés entre Kalmann et ses proches sont particulièrement savoureux.
La première partie du bouquin peine un peu à se mettre en place et l’on ne voit pas très bien pourquoi Joachim Schmidt a voulu nous emmener à Washington.
Bon, on comprendra vite bien sûr où voulait en venir l’auteur mais pour autant, cette excursion n’est pas tout à fait convaincante et l’on a hâte que le FBI se débarrasse de l’insaisissable Kalmann et l’exfiltre vers l’Islande !
De retour dans le petit village de Raufarhöfn, la seconde partie sera beaucoup plus intéressante et l’on y retrouvera l’ambiance pleine d’humanité de l’épisode précédent. On va (re)découvrir un petit pays tiraillé, à l’époque de la guerre froide, entre ses sympathies ‘socialistes’ et l’occupation américaine.
Voilà qui fait écho aux romans d’Arnaldur Indriðason qui a lui aussi, fréquemment évoqué le difficile passé de ce petit pays très convoité.
Bruno Ménétrier