Alors qu’il pensait au départ faire une bande dessinée dont l’intrigue se déroulerait au Portugal, Mathieu Sapin a décidé finalement de consacrer son nouveau livre à… son beau-père, Edgar, un sacré personnage qui a connu la révolution portugaise dans les années 70.
En 2017, Mathieu Sapin est en résidence à Lisbonne, pour trouver l’inspiration sur sa prochaine bande dessinée qui serait un polar à la manière de Dashiell Hammett avec de l’humour, dont l’action se situerait au Portugal. Mais très vite, l’inspiration se tarit et Mathieu doit envisager une autre voie pour sa nouvelle bande dessinée. C’est alors qu’il pense à son beau-père, Edgar, un Portugais dont l’histoire et le parcours méritait bien qu’on s’intéresse de près.
Il va aller s’installer quelques jours chez lui au Portugal, pour l’interroger sur son passé de marxiste, sur ses ancêtres (il est un lointain descendant du Duc de Wellington qui a battu Napoléon à Waterloo) et plus globalement sur l’histoire du Portugal. Il faut dire qu’Edgar est un sacré personnage, un homme qui donne l’impression d’avoir vécu mille vies, qui écrit des livres, cultive son jardin et surtout à des choses à raconter sur lui, son passé et son pays. Même si Edgar est quelqu’un qui a tendance à exagérer – par moment un peu parano et un peu mégalo – qui aime se mettre en lumière, c’est en tout cas un homme atypique, passionnant, au parcours romanesque, qui nous permet de comprendre au fil des pages ce qui a pu séduire Mathieu Sapin dans son envie de lui consacrer une bande dessinée car parcours de ce beau-père est assez singulier. Engagé très tôt dans la révolution, il a du fuir le Portugal de Salazar pour se retrouver seul et sans rien, en France, au moment de mai 68.
Malgré le côté très sérieux du propos et du personnage et la dimension intrinsèquement historique du récit, Mathieu Sapin n’oublie jamais de mettre beaucoup d’humour et de distance dans son récit, comme il l’a fait par le passé avec Depardieu ou François Hollande… Une manière de faire qui est devenue pour ainsi dire une marque de fabrique pour cet auteur qui se met toujours en scène dans ses bandes dessinées avec beaucoup d’autodérision.
Benoit RICHARD