Après une première saison sympathique qui établissait la crédibilité d’Alan Richson dans la peau de Reacher, le (super-)héros de Lee Child, la seconde saison de la nouvelle série à succès de Prime confirme la réussite d’une formule très divertissante…
Il y avait eu ce moment au milieu de la première saison où nous avions tiqué devant le principe de l’exécution sommaire des « bad guys » défendu et appliqué par Jack Reacher, ex-militaire devenu « hobo » se perdant sans papiers, sans argent et sans liens émotionnels dans les profondeurs de l’Amérique… euh profonde. Et regretté ce positionnement politique au cœur d’un pays de plus en plus sensible aux sirènes trumpiennes de plus en plus extrêmes. Et puis, et un peu honteux, nous avons dû admettre que la qualité du spectacle offert par la série de Nick Santora, et l’excellence de l’interprétation générale diluait peu à peu nos réserves morales d’Européen encore attaché à certains principes démocratiques.
Dans cette seconde saison, moins originale que la première, car elle s’apparente beaucoup plus à un thriller d’espionnage comme on en a déjà vu des dizaines, il est admis dès les premières minutes que l’objectif de Reacher et de ses amis (car il en a, on le découvre ici), c’est l’application systématique de la peine de mort sans autre forme de jugement à quiconque « le mérite » (et c’est évidemment Jack Reacher qui décide ce fameux « mérite »). Au moins, il n’y a pas d’ambiguïté ! Bien entendu, le scénario de cette saison, basé sur Bad Luck and Trouble (La faute à pas de chance), onzième titre de la série de Lee Child datant de 2007, nous évite le moindre dilemme moral en alignant des personnages de « bad guys » totalement haïssables, auxquels nul téléspectateur rationnel ne saurait « pardonner » leurs crimes. Il reste que le fait que Reacher agisse ici avec comme premier moteur le désir de venger des amis, exécutés dans des circonstances atroces, crée ce brouillage de valeurs, très typiques des fictions populaires US, où justice et vengeance sont emballées dans un même paquet assez nauséabond.
L’histoire, cette fois, voit Jack Reacher retrouvé par les ex-membres d’une petite troupe de policiers militaires qu’il commandait, dont les membres sont décimés les uns après les autres. Enquêtant sur ce qui a bien pu leur arriver, Reacher et les survivants du commando vont tomber sur une conspiration visant à vendre très cher au mieux offrant une technologie militaire applicable dans le civil qui permettrait à quiconque d’abattre facilement des avions de ligne. Complices des trafiquants d’armes internationaux et des terroristes, les méchants capitalistes disposant d’appuis à Washington, et dirigés par le toujours aussi vénéneux Robert Patrick (inoubliable T1000 chez Cameron) constituent la cible préférée des populistes US, bien décidés à mettre dans le même sac politiciens professionnels, hommes d’affaires sans cœur et terroristes basanés, et à laisser l’armée leur régler leur compte.
Bref, pour aimer Reacher (et il faut admettre que nous aimons cette série, peut-être parce que, au fond de nous, nous aimerions tous être Jack Reacher, capable de régler leur compte tout seul, et impunément, à tous les nuisibles de la planète), il convient de ne pas être dupes du message véhiculé… Et de le prendre pour ce qu’il est, une accumulation de gamineries réacs qui permettent aux scénaristes de nous offrir de réjouissantes scènes d’action sans aucun état d’âme… Hormis le final avec le long combat à mains nues dans un hélicoptère en plein vol, dans lequel les effets spéciaux un peu cheaps ne contribuent pas à la crédibilité de la scène, chacun des huit épisodes de cette seconde saison offre son content de bourre-pifs colossaux, totalement ludiques (allez, reconnaissons que la bagarre contre un gang de motards est un pur kiff !), ou de fusillades roboratives, saupoudrés de moments de franche rigolade, généralement basés sur l’Asperger de Jack Reacher, incapable de la moindre réaction humaine.
Si Reacher fonctionne aussi bien, c’est néanmoins avant tout grâce à son casting, totalement crédible. Derrière un Alan Ritchson idéal dans ce rôle de « Terminator des années 2020 », il y a tout un casting formidable, extrêmement bien choisi et bien dirigé, qui nous enchante en permanence, en particulier grâce à l’alchimie entre eux. La palme revient cette fois à Maria Sten, qui compose une Neagley aussi charismatique que son boss, et à Domenick Lombardozzi, parfait en flic new-yorkais dur à cuire.
Plaisir coupable, devant lequel il est permis de renâcler, Reacher est un divertissement décérébré indiscutablement réussi.
Eric Debarnot
Reaper – Saison 2
Série TV US de Nick Santora
Avec : Alan Ritchson, Maria Sten, Domenick Lombardozzi, Robert Patrick…
Genre : Thriller, action
8 épisodes de 50 minutes mis en ligne (Prime Video) de décembre 2023 à janvier 2024
[Prime Video] Reacher : Terminator + Sherlock Holmes + Saga !