Le second album d’un vrai groupe punk qui utilise la musique pour dénoncer la société dans laquelle nous vivons. Le silence n’est plus une option. Il faut parler, crier, faire du bruit, donner des coups. Quelle musique mieux que le punk pourrait permettre de faire ça ? Dans le genre, Radical Kitten est au top !
Revoici les Radical Kitten, avec un second album, un album qui s’inscrit dans la continuité de Silence is violence dont nous avions déjà dit le plus grand bien lors de sa sortie déjà sur Benzine. On retrouve l’énergie violente, la même rage punk et destructrice que sur le précédent album. Un uppercut, ou sa version kitten, l’uppercat. Un coup en pleine gueule plutôt, sur la tête. Une série de coups, répétés, qui se répètent pendant les 7 morceaux que durent l’album. Une trentaine de minutes, qui passe pourtant assez vite, comme dans un souffle, à peine le temps de respirer, on est sous l’eau (dans le bruit) tout le temps et quand ça s’arrête on est surpris. On aurait aimé que cela continue. Au-delà de l’énergie, de la violence, il y a dans cet album une envie, quelque chose de primaire et de profond à la fois, une urgence qui rend la musique des Radical Kitten intéressante, attachante, addictive.
Pourtant, Uppercat commence de manière relativement « sage », une basse ronde, des guitares à la Bauhaus, la voix plutôt calme et caverneuse, tout ça pour un excellent morceau gothique, plus post-punk que punk, Never on time. Ce morceau n’est pas tellement représentatif de l’album pourtant. Même s’il y a la guitare… ah, cette guitare solo ! Comme dans l’album précédent, elle est utilisée comme un instrument à découper, un couteau parfaitement aiguisé. Une guitare qui ne semble jouer que dans les aigus et qu’on retrouve sur le reste de l’album. Never on time tient en haleine, captive et assomme, mais n’annonce pas le reste de l’album. Ensuite, on rentre dans une véritable machine à laver. Il n’y a pas vraiment un morceau qui laisse la place à un moment de détente. Mouse trap commence à toute vitesse, collé au précédent morceau, comme dans la continuité, mais c’est où la mélodie est hachée par la guitare (en solo ou en riff, souvent très aigüe), jusqu’au moment où elles s’unissent pour une explosion (un solo qui se mélange à un cri), le sommet du morceau !
Uppercat, le morceau qui donne donc son titre à l’album, est plus slammé que chanté, un slam-punk, encore porté par des solos de guitares qui vous agressent les oreilles en continue. Entre la voix et les instruments, on est effectivement saoulés de coups. No means no est aussi slammé, très syncopé, mais le rythme s’accélère par rapport à Uppercat et s’accélère encore dans Fake as Fuck qui se termine en apothéose par des hurlements terrifiants. On se dit qu’on a atteint un somment, mais non, Afraid to Die est encore plus fort, plus brutal, plus bruyant (sans compter qu’il y a un passage d’une musicalité incroyable au milieu de tout cette orgie sonore). Une orgie de bruit à laquelle Worst Friend (le dernier morceau de l’album) vient aussi participer, avec 2 minutes, les 2 dernières minutes de l’album qui vous fondent dans les oreilles comme du plomb en fusion.
Et puis il ne faut pas oublier les paroles… Radical Kitten fait passer un message, un message de révolte et de rébellion, une dénonciation et aussi une inquiétude, une peur même qui s’exprime parfaitement dans Afraid to Die – simple, basique : « Afraid to die/Afraid to die/Afraid to die/Afraid to die/Are you Afraid to die, afraid to die, afraid to die too ? » mais parce que cette peur de mourir est celle de personnes qui sont exploitées et qui meurent sans les mêmes droits que les autres : « I want the same rights, I want the same rights, I want the same rights too/Oh ! Before I die, before I die, before I die ! ». Il y a aussi une dénonciation du confinement comme l’exercice d’un pouvoir abusif sur Mouse Trap, « I go crazy in this flat, crazy in this mouse trap… Richest enjoy the freedom, do you enjoy your prison ? ». Ou encore, le très explicite « No means no ! Patriarchy fuck off !/No means no ! He’s a rapist/ No means no ! Patriarchy fuck off ! » sur No Means No.
Pas étonnant que la musique de Radical Kitten soit à ce niveau de violence et de brutalité : leur objectif est de dénoncer la violence et la brutalité de la société.
Alain Marciano