Le troisième album de Hoorsees offre quelques superbes chansons pop pourvues d’un son new-yorkais passé à la moulinette électro… sans pour autant se détacher d’une influence majeure : The Strokes.
Les quatre musiciens de Hoorsees y sont allés franco. Leur nouveau disque Big s’est doté d’une production riche et soyeuse qui s’éloigne du son presque low-fi des débuts. Leurs deux précédent albums – Hoorsees en 2021 et A Superior Athlete en 2022 – sublimaient l’axe indie-pop 90’s avec des compositions solides à la Weezer, The Swell ou Grandaddy.
Inspiré, Big plonge le groupe dans une faille spatio-temporelle située entre Versailles et New York. Au mixage et à la production, deux français – Joseph Signoret et Maxime Morel – ont particulièrement soigné le son. Les compositions font des clins d’œil aux Strokes, les sons électroniques tendance french touch entraînent The Hoorsees dans le smooth. Si aux Etats Unis, des groupes comme Porches ou The Postal Service ont su amener de l’audace au rock indé, au tour de Hoorsees de s’y aventurer.
Une voix féminine fait son apparition, celle de la bassiste Zoé Gilbert qui vient donner le change au chanteur-guitariste Alex Delamard. Le single Ikea Boy canalise toutes les évolutions du groupe. Le timbre de Z. Gilbert y est délicat comme les claviers ornementaux. Une rythmique qui claque et des guitares acrobatiques catapultent le titre vers les cieux noisy-pop. Mêmes éléments accrocheurs sur leur second single Charming City Life, toujours interprété par Z. Gilbert dont le refrain décolle grâce aux guitares superposées et à une basse bien en verve.
En ouverture de l’album, les guitares d’Alexandre Delamard et de Thomas Gachod s’entrecroisent, se répondent avec malice sur le flamboyant Movie’s Architecture. Les monticules de chœurs et les rythmiques participent aux montagnes russes. La voix chaleureuse d’Alexandre Delamard colle parfaitement ce à quoi ressemble l’indie-pop en 2024. Qu’Art School confirme par des cassures rythmiques du meilleur effet qui magnifient les mélopées. Pretty Lights of Innovation s’aventure vocalement sur les terres de Destroyer, avec une cool attitude contagieuse et un refrain béton. On croirait entendre un vieux synthétiseur DX7 qui sanctifie les nappes synthétiques sur New Career. Nicolas Coste ne ménage pas sa batterie, les guitares gagnent en saturation et le chant rappelle parfois Bob Mould de Sugar. Plus sucrée, No Vacation se la joue pop-com, Presidential Holiday s’empale dans la redite quand Second Class enlace la bubble-gum pop.
Avec aisance, Hoorsees ont choisi une production plus commerciale, pour un vol sans encombre… de l’héritage des Strokes.
Mathieu Marmillot