Après s’être intéressé à l’Histoire de Cuba, Amina Damerdji revient sur la décennie de plomb de l’Algérie, un pays où elle a vécu jusqu’en 1994. Elle nous raconte ces années noires à travers le portrait tendre d’une jeune femme inséparable de son cheval.
Après nous avoir raconté dans son premier roman (Laissez-moi vous rejoindre, 2021) le Cuba des années 50 à travers un touchant portrait de femme, Amina Damerdji nous replonge cette fois dans les heures tourmentées de l’Algérie, à l’aube des années 90, quand la révolution populaire embrase le pays.
L’Algérie, ce pays dans lequel l’écrivaine a vécu jusqu’en 1994, avant de partir en compagnie de sa famille, pour s’exiler en France, est au cœur de ce roman. Un pays qui a connu des heures sanglantes à partir de 1988, au moment où le mouvement islamiste commence à prendre de l’importance.
L’histoire développée dans ce livre est racontée principalement à travers les yeux de Selma, une fille passionnée d’équitation, qui passe la plupart de son temps dans un centre équestre, non loin d’Alger, pour s’occuper de son cheval favori, Sheïtane. Durant les années où elle va grandir, devenir une adolescente, puis une adulte, les massacres vont se multiplier dans le pays, entraînant des conflits au sein de sa famille, dont certains des membres se rapprochent des islamistes pendant que d’autres combattent le FIS (Front Islamique du Salut).
Comme pour son précédent roman, Amina Damerdji entremêle petite et grande Histoire pour raconter le déchirement qu’a constitué cette période sombre de l’Algérie, évoquée aussi récemment dans le roman de Robert Goddard, Les dernières pages.
Un récit marqué par la violence, mais aussi par la passion et l’amour que porte la jeune Selma à son cheval auquel elle restera fidèle envers et contre tout.
À travers cette histoire où l’on trouve de la tendresse mais aussi beaucoup de douleurs, l’autrice se souvient des bonheurs et des malheurs qu’elle a vécus durant cette décennie noire, dans un pays auquel elle rend hommage de manière sincère et touchante. Un livre qui a reçu le « prix transfuge 2024 du meilleur roman français ».
Benoit RICHARD