Un format trop court pour un scénario particulièrement complexe semble réserver ce manga aux nombreux fans du film ou du genre.
Avouons que la seconde partie de l’adaptation en manga du récent film de Martin Bourboulon reprend, en les amplifiant, les qualités de la précédente : le rythme y est (très) enlevé, les héros sont (très) dynamiques et le scénario est, hélas, passablement compliqué. Le format relativement court et la brièveté des dialogues ne nous facilite pas la compréhension.
Si les quatre mousquetaires ressemblent aux créations d’Alexandre Dumas, le scénario de Néjib prend des libertés avec l’histoire initiale. Adroitement, il conserve l’esprit « mousquetaire » tout en nous réservant un solide lot de surprises. Avec talent, il développe une intrigue associant raison d’État, passions amoureuses et esprit de vengeance. Plus surprenant, il introduit de nouveaux personnages, dont un escadron complet de belles et redoutables bretteuses, un héros de couleur, un homme navet, et tente de réhabiliter, l’époque le veut, sa méchante. Ainsi, bien que jalouse, la nouvelle Milady n’a pas voulu la mort de la douce Constance, qui, d’ailleurs, se révèle beaucoup moins nunuche que dans le roman. Les temps changent…
Le dessin est rapide, les rares décors sont suffisants, les personnages, souvent juvéniles, crient et les combats sont frénétiques. Les scènes de combat sont particulièrement soignées. Des cadrages et des textures innovants justifient une seconde lecture pour apprécier, à sa juste mesure, le travail. Cédric Tchao livre un très classique shonen, prouvant au passage que le Japon n’a plus l’exclusivité du manga. Une école française est née.
Stéphane de Boysson