[Interview] Johnny Mafia : « On est un groupe de live ! »

A l’occasion de la sortie de leur quatrième album, l’année du dragon, nous voulions rencontrer l’un des groupes français les plus excitants sur scène, Johnny Mafia. Un groupe qui, fort d’une quinzaine d’années de pratique intensive du concert, est en train de démontrer une maturité impressionnante également sur ses albums !

Johnny Mafia crédit Maxime & Valentin Tanchaud
Photo : Maxime & Valentin Tanchaud

La sortie de 2024 : Année du Dragon nous rappelle à nouveau combien Johnny Mafia sont désormais un groupe important dans le paysage du Rock français : toujours dans une lignée Indie Rock US des nineties, ce que l’on ne saurait leur reprocher, les quatre Sénonais énervés sont de plus en plus en situation de maîtrise mélodique et sonique sur cet album convaincant de bout en bout, et sans doute un peu plus raffiné que ses prédécesseurs. Mais de toute manière, soyons sincères, ce que l’on attend toujours d’eux, c’est qu’ils continuent à mettre le feu, comme ils le font si bien, au cours de leurs concerts généreux, et toujours mémorables !

Benzine : Vous êtes de Sens, on sait que vous en êtes très fiers. Mais comment le groupe s’est-il formé ?

Théo : on est un groupe de lycée, on a fait d’abord avec William un peu de musique dans différents groupes, et un jour Fabio nous a vu jouer à la Fête de la Musique à Sens, il nous a contacté et on a monté le groupe suite à cette rencontre. C’était en 2010, mais il ne faut pas le dire… On avait entre 14 ans, pour Fabio et 17 pour William et moi…

Fabio : Cette année, ce sera l’année où j’aurai dépassé mon temps de vie avec Johnny Mafia que sans. Un truc de fous, ça ! (rires)

Benzine : Vous faites plus jeunes que ça, le rock’n’roll, ça conserve !

Théo : Oui, c’est aussi le style vestimentaire…

 

Johnny Mafia - credit Perrine Lamazère
Photo : Perrine Lamazère

Benzine : Vous aviez des passions communes musicalement, qui vous ont rapprochés ?

Théo : Avec William, on se connait depuis le CP, nos goûts se sont créés, ensemble, on a toujours écouté les mêmes choses, finalement…

William : Théo a commencé la musique avant moi, il s’est mis à la batterie, c’était sa grande sœur qui l’avait motivé. Au début du groupe, on écoutait Mickey 3D (éclat de rire général)… En fait, je rigole parce que ça me rappelle des souvenirs des débuts de Théo à la batterie…

Théo : Il y a des groupes, c’est vrai, qu’on écoutait beaucoup et qu’on écoute toujours, notamment les Pixies, qui nous plaisent à tous et nous ot beaucoup influencés, surtout sur les deux derniers albums. On écoutait aussi pas mal de punk, les classiques punks…

William : On a des influences plus américaines, dans les sons qu’on utilise, dans la manière de construire les chansons, de composer…

Théo : Je pense aussi aux groupes des années 90, Weezer, Nirvana, et puis les Dandy Warhols et Brian Jonestown Massacre : tous des groupes américains. C’était vraiment là au début. Mais il y a aussi des choses plus récentes, en particulier français. Il y a une super scène en France, on écoute donc pas mal de groupes avec lesquels on tourne régulièrement. Et puis, aujourd’hui, le rock est moins lié à l’origine locale des groupes, il n’y a plus ces barrières entre les localités, cet esprit de clocher.

William : On se croise assez souvent avec certains groupes, ça permet d’entretenir des relations bien cool. On part même parfois en vacances ensemble…

Benzine : Comment est-ce que vous construisez votre musique ?

Théo : En général, c’est moi qui ramène une bonne partie du morceau, je fais des maquettes chez moi, et ensuite en retravaille tout ça ensemble, la structure, le son des guitares, des détails de chant.

Benzine : Ce travail continue en studio au moment de l’enregistrement ?

Théo : Non, c’est trop cher le studio ! Ça, c’était bon pour Led Zeppelin ! (rires) Ça serait super, mais…

William : Pour le dernier album, on est même arrivés en studio avec des préenregistrements, de moins bonne qualité, qui nous ont permis de finir de composer, et donc d’arriver en studio avec les idées assez claires, de ne pas perdre de temps, ni d’argent. Et puis, on n’est pas un groupe où ça jamme…

L Année du DragonBenzine : Ce nouvel album, en quoi est-il différent du précédent ?

Théo : En termes de production, il est différent, même si Sentimental était déjà un progrès par rapport aux précédents, il était plus produit. Mais là, on s’est encore plus cassé la tête sur les arrangements, sur les sons, sur les impacts des refrains. Il est donc plus arrangé, plus réfléchi.

Benzine : C’est un peu aussi un signe de maturité, non ?

William : On est un groupe de live, à la base, on se retrouve toujours un peu frustrés, en sortant des studios, de ne pas être arrivés à retranscrire l’énergie que l’on a quand on joue tous ensemble sur scène. Là, on a essayé de trouver des solutions pour résoudre ce problème, sans que ça fasse album live !

Fabio : Au début, on faisait en studio ce qu’on faisait en live, et on se rendait compte que ça ne marchait pas !

Théo : Cette fois, on est sortis du studio en se disant : « Ouah ! C’est vraiment bien ! »

William : Ça a été de mieux en mieux à chaque album : avec Sentimental, il restait une marge d’amélioration, et cette fois la marge s’est vraiment réduite…

Benzine : Pas de tentative de sortir de votre territoire, d’explorer des styles différents ?

Théo : Dès qu’on sort de notre style, quand on réécoute après, ça le fait pas tellement…

Fabio : Mais ça évolue quad même, il y a plein de nouveautés dans cet album, des choses qu’on n’aurait pas faites avant. Cela dit, on a la tête dedans, c’est difficile pour nous de le dire. Est-ce que l’auditeur lambda s’en rendra compte ?

Benzine : Comment est-ce que vous voyez votre évolution dans un monde de la musique aussi difficile que celui d’aujourd’hui ? Vos prochaines étapes ?

Théo : Nous, on a de la chance, déjà : jusqu’ici tout va bien ! On est un groupe qui fait beaucoup de concerts, et on est intermittents.

Wiliiam : La prochaine étape immédiate, c’est de bosser sur la tournée qui vient, de construire le nouveau set avec les chansons du nouvel album.

Benzine : Vous avez tourné ou vous tournerez en dehors de la France ?

William : Oui, on a déjà tourné dans des pays d’Europe proches, on va bientôt découvrir le Portugal. Sinon, en pays plus éloignés, on a fait le Canada il y a quelques années et la Corée du Sud il y a quelques mois.

Fabio : Et notre deuxième album était sorti sur un label anglais, du coup, ils nous ont présenté aux Anglais, ils nous ont servi en pâture aux habitués. Il n’y avait pas grand monde à nos concerts (rires), mais les gens étaient plutôt réceptifs. Par contre, là-bas, il faut se débrouiller tout seuls…

William : Oui, en France, ou en Allemagne, on sent qu’il y plus d’attention à la culture, par rapport aux pays anglo-saxons.

Théo : La Suisse aussi c’est bien, ils payent bien ! Par contre, il faut se payer à bouffer, et ça coûte cher ! (rires)

Benzine : Le prochain concert en région parisienne, ce sera quand, alors ?

Johnny Mafia : Pour la sortie de l’album, on fait la release party à la Maroquinerie, le 5 avril !

Benzine : On y sera !

Propos recueillis par Eric Debarnot le vendredi 5 janvier 2024

2024 : Année du dragon, le quatrième album de Johny Mafia est sorti le vendredi 9 janvier

Le groupe sera en tournée dans toute la France, mais aussi en Suisse et en Belgique, aux dates suivantes :

Le 24 Février à Chartres (28), L’Paille à Sonique
Le 1er Mars à Annecy (74), Festival Hors Piste
Le 7 Mars à Anvers (BE), Cafe Carbon
Le 9 Mars à Liège (BE), La Zone
Le 16 Mars à Vitry le François (51), Bord de Seine
Le 20 Mars à Lon le Saunier (39), Darius Club
Le 23 Mars à Fumel (47), Pavillon 108
Le 29 Mars à St Gilles Croix de Vie (85), Rock Sea
Le 30 Mars à Angoulême (14), La NEF
Le 4 Avril à Roubaix (59), Cave aux Poètes
Le 5 Avril à Paris (75), La Maroquinerie
Le 26 Avril à Lyon (69), Marché Gare
Le 27 Avril à Istres (13), L’Usine
Le 10 Mai à Bulle (CH), Ebulition
Le 17 Mai à Strasbourg (67), La Laiterie