Durant la nuit du 28 janvier 1985, 46 voix, 46 stars de la pop américaine vont enregistrer le tube We Are the World. C’est l’histoire de cette chanson dont on nous a rebattu les oreilles pendant des mois que raconte The Greatest Night in Pop sur Netflix. Nostalgie, nostalgie…
En 1984, Bob Geldof réunit un parterre de stars de la pop anglaise (Bono, George Michael, Sting, David Bowie, Paul McCartney, Phil Collins …) au sein de Band Aid, pour enregistrer le titre Do They know it’s Christmas, dont les bénéfices serviront à venir en aide aux enfants victimes de la famine en Éthiopie. Les Américains, désireux, eux aussi, de montrer qu’ils peuvent se rassembler pour une grande cause humanitaire, vont, durant une nuit, enregistrer la chanson We Are The World. L’un des singles les plus vendus à ce jour, qui fut diffusé pour la première fois le 5 avril 1985, sur plus de 8 000 radios dans le monde, au même moment.
C’est Harry Belafonte, acteur et chanteur bien connu aux États-Unis pour son succès Day-O (The Banana Boat Song), qui va proposer à Lionel Ritchie d’écrire une chanson, puis de rassembler le gratin de la pop américaine du moment pour enregistrer un single. Petit à Petit, le casting se met en place : Michael Jackson et Lionel Richie à l’écriture, Quincy Jones – alors producteur incontournable suite au succès de l’album Thriller -, aux arrangements et faisant office de chef d’orchestre pour la session d’enregistrement. Mais le plus gros défi reste à réunir au même endroit et au même moment toutes ces vedettes aux agendas déjà bien remplis. Et finalement, il est convenu que tout le monde se retrouve juste après la cérémonie des American Music Awards prévue le 28 janvier 1985. A peine l’événement terminé, toutes les stars de la pop, du rock, de la soul ou de la country filent au studio A&M de Los Angeles afin de répéter et d’enregistrer… Tout ça dans le plus grand secret.
C’est cette folle nuit de 1985 que raconte le documentaire The Greatest Night in Pop diffusé sur Netflix. Un film signé Bao Nguyen, composé d’images inédites, où l’on voit Michael Jackson, Lionel Richie, Stevie Wonder, Paul Simon, Kenny Rogers, Ray Charles, Billy Joel, Bruce Springsteen, Huey Lewis, Cyndi Lauper, Diana Ross, Dionne Warwick, Kim Carnes, Daryl Hall, Bob Dylan (un peu paumé, mais très touchant), et tant d’autres, heureux d’être là, pour répéter, se marrer, faire les fous, tenter d’imposer quelques petits changements ici ou là, et même, pour certains, de s’enivrer joyeusement, à l’image du regretté Al Jarreau qui redemandait sans cesse des bouteilles de vin.
Tout ça est raconté avec une certaine nostalgie par Lionel Ritchie, le G.O., le « Gentil organisateur » de la soirée, se souvenant avec une mémoire intacte de chacun des instants qui ont fait de cette nuit un moment inoubliable dans sa vie et dans l’histoire de la musique pop américaine.
Un documentaire aux airs de madeleine de Proust pour toutes celles et ceux qui étaient adolescents au milieu des années 80, cette période durant laquelle de grands élans de générosité fédéraient des stars autour de projets humanitaires. En France, quasiment au même moment, un autre « Band Aid » allait se créer autour du nom Chanteurs sans frontières, pour imaginer la chanson Éthiopie… une autre rengaine devenue vite insupportable et qui, elle aussi, connut un succès énorme. Mais ça, c’est une autre histoire.
Benoit RICHARD