Ekkstacy, jeune artiste écorché de Vancouver, signe un troisième album spectral et révolté. A la fois punk, pop et parfois shoegazing, Ekkstacy dévoile une facette plus introvertie de l’enfant terrible de l’indie nord-américain.
Le single Shutting Me Out, extrait de nouvel album Ekkstacy, pourrait aisément se retrouver sur une bande originale d’un film de Sophia Coppola. On connait l’appétence de la réalisatrice pour les ambiances mélancoliques et percutantes. Ekksatsy, de son vrai nom Khyree Zienty, est un jeune artiste déjà culte à Vancouver, la ville qui l’a vu grandir. En 2021, son premier single, I Walk This Earth All by Myself, marqué par l’indie 2010 (The Drums, Surfer Blood...), a suscité un véritable intérêt. A présent, l’inspiration des treize titres d‘ Ekkstacy vogue du côté du punk-rock et de titres plus éthérés composés au gré de tournées américaines.
Dès le premier titre I Don’t Have One Of Those, l’ambiance y est feutrée et mécanique, l’utilisation d’une boîte à rythmes y est pour beaucoup. Sa pop-indie regorge de guitares nébuleuses, le chant y est réverbéré comme dans un rêve nuageux. Une musique à écouter dans son lit qu‘I Guess We Made It This Far ne fait que confirmer, laissant l’instrumentation bourlinguer au gré de l’apesanteur. Comme le faisait si bien The Radio Dept., le canadien invite à la nonchalance sur le réussi Shutting Me Out, titre nerveux et embrumé à la fois. En invité, Trippie Redd, rappeur éclectique au disque d’or, se laisse bercer par Problem, une belle ballade au clavier discret. Il affiche même une appétence bruitiste et saturée sur Get Me Out et The Headless Horseman Lost His Way qui sonnent comme du MBV pris dans un grand huit alternant passages calmes et shoegazing.
Et puis, il y’a les titres plus punk-mélodiques, plus bruts, rapides et inspirés par des groupes tels que les Ramones ou Erazerhead. Luv Of My Life, Goo Lagoon ou Fuck sont des uppercuts d’où surgissent des paroles révoltées tels que « kill my self, i don’t care », « I get lazy » ou de nombreux « Fuck » se font entendre et laissent à penser que le chanteur ne s’est pas remis de ses désordres psychiques passés.
Sur des accords assez simples, Ekkstacy se fend d’une approche sincère et règle ses comptes. Une couche de low-fi canaille catapulte Alright dans le présent, en phase avec l’intervention du rappeur australien Kid Laroi. Pendant que Bella sanctuarise la basse saturée, une rythmique effrénée laisse les guitares jouer aux auto-tamponneuses avec un chant bien senti. Idem pour le single Chicago, emprunt d’une belle dynamique pop-punk qui envoie tout valdinguer. Enfin, l’irrésistible I Can’t Find Anyone canalise l’énergie pour plus de douceur, de mélancolie, à l’instar des Français VedeTT ou Bantam Lyons. Pop un jour… punk toujours.
Mathieu Marmillot
j’adore; seul regret, voir qu’il est trop tard pour le (les) voir à la maro; merci pour la belle découverte