Derrière la chronique estivale, la réalisatrice espagnole Estibaliz Urresola Solaguren dresse le portrait délicat d’un enfant et d’une famille autour desquels tourne la question de la transidentité.
A première vue, on pourrait croire que 20 000 espèces d’abeilles est un documentaire sur la biodiversité. Mais pas du tout, car ici le titre du film est plutôt à comprendre comme une métaphore autour la pluralité du genre chez les humains.
L’histoire racontée dans le film est celle de Coco, un petit garçon qui va passer l’été chez sa grand-mère dans un village du Pays Basque espagnol en compagnie de sa maman, ses frères et sœurs et de sa tante apicultrice, passionnée par les abeilles. Pendant que la maman s’enferme dans son atelier de sculpture, Coco passe beaucoup de temps en compagnie de sa tante avec laquelle s’établit une certaine complicité. Mais Coco a cette particularité d’être une fille née dans un corps de garçon. Une réalité qu’une partie de son entourage a bien du mal à comprendre ou accepter. Les uns et les autres préférent ne pas entendre les sous-entendus de l’enfant quant à son mal-être et sa quête d’identité.
Dans ce premier film, la réalisatrice Estibaliz Urresola Solaguren met beaucoup de douceur, de pudeur et de poésie pour raconter l’histoire de Coco, qui rappelle à certains égards celle racontée par Sébastien Lifshitz dans son documentaire Petite fille, sorti en 2020, ou encore le film Tomboy (2011) de Céline Sciamma.
Par petites touches, la cinéaste espagnole filme la plupart du temps à hauteur d’enfant, scrutant au plus près les gestes et les regards de Coco, interprété avec beaucoup de naturel par la jeune comédienne Sofía Otero, qui a reçu un Prix d’interprétation à la dernière Berlinale.
Le film montre avec simplicité combien il est difficile pour les parents d’accepter un tel état de fait, et combien la notion de transidentité est encore un sujet tabou dans bon nombre de familles. Si 20 000 espèces d’abeilles est une réussite par bien des aspects, et se révèle même très touchant lors des moments que Coco partage avec sa grand-tante, il aurait sans doute mérité d’être écourté d’une trentaine de minutes.
Malgré tout, on saluera ce très beau portrait d’enfant, montrant dans une mise en en scène gracieuse et discrète toute la complexité qui entoure ce type de problématique à laquelle peut être confrontée une famille.
Benoit RICHARD