Les Néerlandais débarquaient hier soir à Paris, au Point Ephémère, avec deux excellents groupes de la scène Indie Rock actuelle, Pip Blom et Personal Trainer. On vous raconte…
On célèbre ce soir au Point Ephémère la vitalité du rock néerlandais, avec deux de ses fleurons, Pip Blom, brillant trio (depuis peu, depuis le départ de Gini à la batterie l’année dernière) pop (depuis toujours), et l’étonnant collectif Personal Trainer, dont on a encore en mémoire le set explosif au Supersonic, il y a deux ans et demi… et pour lesquels pas mal de gens sont venus ce soir. Deux groupes liés par une solide amitié puisque rappelons que Pip et Tender Blom ont fait un temps partie de Personal Trainer… Et, excellente nouvelle, le Point Éphémère est idéalement rempli, juste en dessous de la jauge maxi, ce qui laissera suffisamment de place pour danser.
20h30 : la joyeuse troupe de Personal Trainer s’installe, et lance la soirée sur le calme Crops, qui débouche sur la souriante chanson éponyme, avec son refrain facile à retenir et à chanter dès la première écoute… La voix de Willem Smit semble un temps mal assurée, mais autour de lui, le reste de la bande s’amuse à désorganiser l’interprétation de ces deux chansons sages : gros spectacle de bonne humeur – même si la largeur réduite de la scène et le fameux pilier de droite empêchent de bien voir tout ce qui s’y passe. Le set monte en puissance dès 1.000.000, et se composera, pendant 40 minutes, principalement de nouvelles chansons, et d’allers et retours entre titres musclés où les deux guitares et les percussions se déploient et d’autres plus doux. L’impression générale restera celle d’une belle créativité musicale exprimée par une bande de copains qui prennent énormément de plaisir ensemble. Will reste sage, ce soir, et sort même de scène à deux reprises. Après un You Better Start Scrubbing presque heavy, Personal Trainer nous quittent sur un dernier morceau apaisé, très très loin donc de la frénésie qui avait conclu leur set au Supersonic. Et ils n’auront pas joué The Lazer, leur « tube » réclamé par les fans. Confirmation donc de la classe de ce groupe singulier, même si on rêvait plutôt de les revoir avec tous les cadrans dans le rouge. Espérons que ça sera la prochaine fois, sachant que leur nouvel album sortira en août et que l’on peut donc attendre un retour à Paris à cette occasion.
21h40 : le matériel a été totalement remplacé et nous sommes maintenant devant une scène très dépouillée avec les trois musiciens disposés en triangle et Pip Blom elle-même curieusement placée à l’arrière-plan, donc loin de nous. Trois formes géométriques décorent le fond et de minces barres d’éclairage de couleur, posées au sol, illuminent le tout. On attaque par Is This Love? et si nous attendions Alex Kapranos sur scène pour chanter avec Pip, nous en sommes pour nos frais (en fait, Alex est bien là, mais dans la salle, on le croisera après le set…). On réalise dès le titre suivant, Not Tonight, où les deux guitares sont agressives, que les voix sont couvertes – tout au moins pour les spectateurs placés dans les premiers rangs au centre, donc loin de la sono : c’est un problème pour profiter pleinement d’une musique fondamentalement pop…
La setlist est quasiment consacrée uniquement à Bobbie, le dernier album (11 des 12 titres du disque seront interprétés !), mis à part l’incontournable Daddy Issues, avec son ambiance B-52’s, et deux autres anciennes chansons, School et Babies Are A Lie en rappel. De ce fait, on ressent une vague impression d’uniformité durant la petite heure du set, avec seulement quelques poussées d’excitation du public quand la musique devient plus « rock » (comme sur Daddy Issues ou le quasi punk rock School, évidemment…). Les passages plus électro, plus « dance floor » d’ailleurs que sur l’album, ont tendance à faire redescendre la tension dans la salle, et on peut se fatiguer à la longue de la voix sucrée de Pip et de son jeu de scène minimaliste. Pip nous annoncera aussi que Will Smit, qui devait chanter avec elle, est trop malade pour revenir sur scène… ce qui explique sans doute le déficit d’intensité du set de Personal Trainer.
Le sentiment, au final, est celui d’un concert en dessous de ce que promettait l’excellent album qu’est Bobbie. Rien de dramatique car les chansons sont bonnes, et la bonne humeur et les grands sourires ont dominé le set, mais on ne peut s’empêcher de penser que Pip Blom n’ont pas trouvé encore la meilleure manière de fonctionner sans leur batteuse. Et qu’une setlist qui mélangerait de manière plus équilibrée les anciens et les nouveaux morceaux serait certainement plus efficace.
Aucun souci à se faire néanmoins pour l’avenir de ces deux formations, au talent indiscutable. On a hâte de les revoir.
Texte : Eric Debarnot
Photos : Robert Gil