Premier long-métrage de Julien Carpentier, La vie de ma mère met en scène les retrouvailles entre un fils et sa mère bipolaire. Un film plein de sensibilité et de pudeur porté par l’impeccable tandem composé de William Lebghil et Agnès Jaoui.
Fleuriste à Paris, Pierre (William Lebghil) se lève très tôt le matin pour aller chercher ses fleurs à Rungis en compagnie de son employé Ibou (Salif Cissé). C’est à peine s’il a le temps de s’occuper de sa petite amie, qui est aussi sa meilleure amie, et avec laquelle il ne sait pas s’il doit s’engager ou pas. Avec tout cela, il en oublierait presque l’existence de sa mère, Judith, (Agnès Jaoui) souffrant de troubles bipolaires. Une mère qui va revenir de manière assez brutale dans la vie de son fils, au moment où la grand-mère de Pierre, désormais trop âgée pour s’occuper de sa fille, lui demande de prendre le relais.
Dans le rôle du fils, William Lebghil, décidément à l’aise dans tous les registres, se montre dès les premières minutes du film très convaincant dans le rôle de ce trentenaire plein d’allant mais un peu déboussolé par ce qui lui arrive. A ses côtés, on retrouve donc Agnès Jaoui dans un rôle taillé sur-mesure, interprétant cette mère branchée sur 220 Volts qui, durant quelques jours, va mener une véritable vie de patachon, au grand désarroi de son fils.
Car Pierre va devoir surveiller sa mère comme un bébé. Une mère, capable de toutes les excentricités, imprévisible, incontrôlable… ce qui donnera lieu à quelques scènes assez cocasses qui vont apporter à cette comédie dramatique une bonne dose d’humour, mais aussi de mélancolie et de tendresse.
Un film qui va prendre petit à petit des airs de road-movie en Aquitaine, embarquant le spectateur aux côtés de cette mère et de son fils, le temps d’une folle escapade familiale, loin de l’hôpital psychiatrique dans lequel vit Judith. L’occasion pour le réalisateur Julien Carpentier, de dresser un portrait sensible de deux personnages très attachants dans un scénario inspiré par sa propre histoire familiale.
Et si le film est plutôt rythmé et ponctué de situations inattendues, il doit aussi sa réussite et son côté touchant d’abord à ses deux acteurs, en osmose durant tout le film, avec une Agnès Jaoui – en roue libre, diront certains – qui semble se faire plaisir de bout en bout, très à l’aise dans la peau de cette mère fougueuse et imprévisible, alternant postures gênantes avec de grands moments de tendresse. Mention spéciale enfin à Alison Wheeler que l’on retrouve encore une fois dans un petit rôle, mais qui mériterait bien de se retrouver un jour en haut de l’affiche, eu égard à son immense talent.
Même si l’on pourra trouver – sans doute à juste titre – le scénario un peu convenu et prévisible, avec des airs de « déjà vu », ce premier long métrage de Julien Carpentier reste une bonne surprise. Un film plein de sensibilité et de pudeur, qui ne verse jamais dans l’émotion facile et qui nous fait passer un agréable moment.
Benoit RICHARD