Fidèle à la réputation du Southern rap, Revival Season transgresse les codes. Son hip-hop au timbre saturé vogue parfois vers la psyché et la new wave. Le fruit d’une rencontre fortuite entre le MC Brandon ‘Bez’ Evans et le musicien Jonah Swilley.
Jonah Swilley n’est pas vraiment un inconnu. Accessoirement, son frère Jared tient la basse chez les fantasques The Black Lips, groupe phare de la scène garage rock US. En 2016, il rencontre la chanteuse rock soul Mattiel à Atlanta et devient son compositeur et arrangeur pour deux albums à succès. C’est lors d’une soirée à Columbus, que Swilley fait la connaissance du rappeur Brandon ‘Bez’ Evans : « Bez a été la première personne à me répondre sans poser de questions ». Soit. Les deux musiciens partagent une admiration pour les Beastie Boys, Outkast et le collectif de heavy rap Dungeon Familly.
Swilley va mettre en son les prosodies préenregistrées du MC, les habillant de hip-hop ou de post-punk.
D’insolents synthés kitsch installent Look Out Below dans une lenteur à peine déstabilisée par le débit d’un Bez bien remonté. Surgit de nulle part, une basse saturée affole la boîte à rythmes pour un final post punk dévastateur. Suit un bel hommage à Barry White à l’aspiration technoïde minimale. Le flow surenchéri, le charley devient salvateur, le riff de guitare se triture et le clavier pousse des cris.
Plusieurs yeah intronisent Last Dance. Le rythme et la basse se font la course et trouvent l’issue au confins d’une cold-wave à la Section 25. Un clavier subliminal lâche ses mélodies sur des briques noircies que le flow recouvre avec ivresse. Top.
Coté hip-hop, on peut compter sur le groove bien crade de Boomerang. Les breaks et arrangements se jalousent la guitare funky cool et le MC y va tranquille de son flow attachant. Avec Propagande, le dub assure le chaloupé, le chant s’emballe et l’instrumentation délire : effets aériens, coups de feu, la Space Echo est amortie. Everybody nous ballade sous distorsions, le tempo reggae noise et la guitare clashent les Microphone Controllers dans leurs défis vocaux.
Sous un air d’acid jazz, Chop part en vrille. Un clavier cheap se démarque, les syllabes claquent du tempo, Golden Silverware dégaine les fuzz et autres effets coutumiers chez The Jesus and Mary Chain ou Primal Scream convertis au flow ravageur de Bez. Que Stars va calmer fissa, un piano file droit sous les coups de synthèses et d’orgues. Sur Pump, Revival Season picore dans les 70’s, gère un fourre-tout sonore 90’s sur The Path et navigue dans des eaux électro sur Message In The Bottle.
Revival Season se joue des influences hip-hop avec bonheur, les vagues cold et autres bidouillages électroniques font de Golden Age Of Self Snitching un crossover réussi.
Mathieu Marmillot