On sait depuis toujours que « le trop est l’ennemi du bien », et on en a une illustration parfaite avec le demi-échec de A Killer Paradox, série TV coréenne qui en fait beaucoup trop à partir d’une bonne idée pour ne pas venir à bout de notre meilleure volonté…
Lee Tang est un jeune homme qui ne semble pas sorti de l’adolescence : tout le fatigue, rien ne semble l’intéresser. Il travaille dans une supérette de Séoul et mène une vie morne, jusqu’au jour où, au cours d’une bagarre avec un client, il tue celui-ci d’un coup de marteau. Il n’y a aucun témoin, sauf une jeune femme malvoyante qui passait pas là et va le faire chanter ! A partir de là, Lee Tang s’enfonce dans une spirale de violence de plus en plus vertigineuse, alors qu’un détective peu conventionnel – voire complètement déjanté -, Nan Gam, enquête sur ses crimes. Mais le plus grand danger pour Lee Tang n’est même pas la police…
Après un premier épisode assez classique qui présente le personnage et son (premier) meurtre, A Killer Paradox (titre étrange, dont on peine à saisir le sens…) part dans une direction totalement inattendue, qu’il vaut mieux ne pas révéler pour le plaisir du téléspectateur qui découvrira une histoire réellement folle, multipliant de manière d’abord assez stupéfiante les personnages, les crimes, les assassinats, tout en se baladant sur les routes de Corée (une bonne partie de la série se déroule à Busan, par exemple). Une touche de fantastique dans cette drôle de parabole sur les « vigilantes » rappellera évidemment l’excellent Incassable de Shyamalan, mais, malgré l’effet de surprise initial, la série, inspirée d’une Websérie, même si elle est relativement brève par rapport au format habituel des K-dramas, donne rapidement l’impression de partir dans tous les sens, de mal gérer sa multitude de personnages que l’on ne comprend guère, et auxquels on a du mal à s’attacher. Finalement, on reste relativement indifférent aux tourments du trio central (l’assassin, le détective, le geek), tous trois surjoués – ce qui est classique dans la cinéma coréen -, mais trop souvent dans la registre du burlesque.
L’une des choses qui distingue A Killer Paradox des séries coréennes plus « standard », c’est le soin apporté par Lee Chang-Hee à sa mise en scène, qui tente en permanence des choses originales, spectaculaires, ou simplement déstabilisantes pour le téléspectateur, loin de ce qui se fait en général dans des téléfilms produits en série. Le problème est que, surtout quand ces éclats « stylistiques » se conjuguent à une narration alambiquée (flashbacks, multiplication des points de vue, manipulation du spectateur), on en arrive à un sentiment de maniérisme étouffant, et souvent déréalisant. Entre un scénario trop riche, une manière excessive de construire la narration, une interprétation outrée et une réalisation très « flashy », TROP C’EST TROP : A Killer Paradox aurait certainement été meilleur s’il avait été un peu plus épuré, plus linéaire, moins démonstratif…
… A l’image d’un dernier épisode, bien meilleur que tout ce qui a précédé, où se dévoile une autre histoire que celle que nous avons regardée, et qui n’est pas, lui, dénué d’émotions. Une belle fin pour une série maladroite.
Eric Debarnot
J’ai beaucoup aimé cette série