Après avoir mis des mots et des images sur le deuil de l’enfance, la fragilisation du lien social, le repli sur soi et la peur de s’engager dans la vie adulte, Raphaël Drommelschlager nous livre une magnifique déclaration d’amour.
Max va avoir 30 ans. Reclus dans sa petite librairie dédiée aux voyages, il vit seul avec son chat. Quand ses clients se font rares, il dessine des animaux marins et des portraits ensoleillés. Ses trois meilleurs amis peinent à le tirer hors de ses rêves. Max s’éloigne. Max leur échappe. Jadis, quand il était enfant, il pourrait avoir eu le pouvoir de voyager à l’aide d’une simple craie. Ses rêves se souviennent de tortues et de baleines, et, plus confusément, d’une île ensoleillée ou lui, à moins que ce ne fut son père, le vieux lion, régnait. Il lui faudra vivre un drame pour se remettre en mouvement et tenter de rejoindre la fameuse l’île.
Le Max trentenaire y croisera les pas du Max enfant, qui se révèlera être le héros de La Craie des étoiles, un album précédant de l’auteur dont la lecture ne s’impose pour la compréhension de celui-ci.
Alliant un trait semi-réaliste, précis et arrondi, à des couleurs acidulées, le dessin de Raphaël Drommelschlager est doux et apaisant. À l’image de la couverture, les rêves de Max sont particulièrement réussis… et s’avèrent persistants….
Le scénario alterne habilement les rencontres amicales et les temps de méditation, les séquences oniriques et réalistes, avant de, progressivement, les confondre. Si le lecteur peine à comprendre les motivations profondes de Max et la nature des liens qui l’unissaient à feu son père, il ne peut qu’être touché par la beauté de ses visions et par la déclaration d’amour des dernières pages. Très certainement, une fois la première lecture achevée, le lecteur sera irrésistiblement poussé à relire cet album, le cœur joyeux, afin de mieux en saisir toute la richesse.
Stéphane de Boysson