Après l’apothéose de Glastonbury, Bowie invite le 27 juin 2000 un public de 250 veinardes et veinards pour un show filmé à la BBC. Petit concert entre amis… mais grande claque en live ! En 20 titres balayant l’ensemble de son odyssée, Bowie sort le grand jeu avec des classiques de son répertoire ainsi que des titres rarement joués en public. Au point d’en faire un album très précieux… en dépit d’une pochette improbable ?
Ce concert, donné le 27 juin 2000 par Bowie dans un studio de la BBC, à l’intention d’un public restreint de 250 fans chanceux et d’invités de choix, apparut d’abord en complément du coffret Bowie at the Beeb, sorti en 2000, comme une sorte de cerise sur le gâteau. Beaucoup de fans dévorèrent d’abord les archives de Ziggy (…and The Spiders from Mars). Le second disque étant une tuerie, quelquefois plus incendiaire, que l’album studio, il y avait en effet de quoi faire de l’ombre à ce live du 27 juin 2000, servi l’air de rien en bonus : quelques curieux purent déjà en apprécier la beauté… En 2021, le coffret Parlophone Brilliant Adventure (1992-2001) offrit le même show sur trois vinyles, avec des titres supplémentaires (The London Boys, I Dig Everything, All The Young Dudes, Starman et “Heroes”). Ce n’est cependant pas encore le concert complet puisqu’une version intégrale circule sur la toile – avec un son audience – incluant aussi Ziggy Stardust, une deuxième version de All The Young Dudes et The Jean Genie (sans Bowie qui prenait une pause pour soigner sa gorge malade !).
Le plus souvent, Bowie joue ici de sa voix comme d’un instrument à la plasticité très théâtrale. La qualité du concert repose aussi sur un groupe de grande classe – Earl Slick, Mark Plati, Gail Ann Dorsey, Mike Garson, Sterling Campbell, Holly Palmer et Emmy Gryner – qui fait de la dentelle sur chaque chanson. Sans être dupe des corrections et des ajouts studio, le concert impressionne par son intensité. Des œuvres de jeunesse aux extraits de Earthling et de Hours, il offre à la fois des chansons dans leurs versions classiques, des retrouvailles bien sympathiques, et surtout d’autres avec de nouveaux arrangements, de jolies trouvailles qui claquent.
Pendant que Mike Garson joue A Foggy Day In London Town de Gershwin en ouverture, le reste du groupe entre sur la scène et balance harmonieusement l’intro de Wild Is The Wind : c’est là que le disque commence. Vêtu sobrement d’un costume noir et coiffé comme en 1971, Bowie interprète ce titre avec un lyrisme de folie, avant d’attaquer un grand Ashes to Ashes habilement arrangé. Seven est une belle balade qui nous repose avant le très entrainant This Is Not America qui laisse littéralement sur le cul. Absolute Beginners suit alors pour quelques instants de grâce. Même Low ne manque pas à l’appel avec Always Crashing In The Same Car franchement impérial. Bowie s’amuse de nouveau à nous surprendre avec une version de Fame revigorée. Survive calme le jeu un instant, les titres de hours étant encore une fois de simples répliques de la version album…
Petit retour en 1966 avec London Boys et I Dig Everything que Bowie reprend quelquefois avec des pointes cockney… Toy est en gestation… Little Wonder fait un petit tour et tient très bien la route en version live sans les artifices studio. Autre instant précieux, The Man Who Sold The World frissonne et charme comme en 1970. Implacable et rageur, I’m Afraid Of Americans impressionne en live de manière magistrale. Hallo Spaceboy se glisse entre Stay et Cracked Actor pour une série très rock et cogneuse, électrisée par Earl Slick. Le public retrouve ensuite All The Young Dudes sur son air de balade bien connu. Avec une superbe maîtrise, Starman et « Heroes » sont de belles chansons à l’évidence, mais l’interprétation de ces classiques surprend moins que la suite… Un nouvel arrangement de Let’s Dance, que l’on peine à reconnaître à la première écoute, est absolument explosif en final incendiaire. C’est le coup de grâce.
Voilà une très belle performance live qui vaut largement le détour. Irrésistible.
Amaury de Lauzanne