« La déconstruction de la masculinité » vue du point de vue espagnol : bis repetita ! On pourra reprocher à cette seconde saison de Machos Alfa de ne rien apporter de nouveau du point de vue réflexion sociétale, mais qu’importe : on adore cette bande de quatre amis, et tout autant les femmes ou hommes de leur vie !
La première saison de Machos Alfa racontait avec un humour irrésistible le chaos qu’avait provoqué dans la vie de quatre amis madrilènes leur tentative de « déconstruction de leur masculinité », engagée afin de se mettre « au goût du jour » et surtout être mieux en phase avec les attentes de leurs compagnes ou épouses… pour les séduire à nouveau ! La fin de la saison n’était pas loin du happy end, mais on se doutait bien entendu que rien n’était définitivement gagné…
On retrouve donc dans le premier épisode Pedro (Fernando Gil), le plus incurablement « macho » de la bande des quatre, qui retourne sur le marché du travail et va se trouver à son tour victime de harcèlement sexuel de la part de sa patronne : c’est sans doute, parmi tous les fils scénaristiques qu’entremêle la nouvelle saison, le plus fécond en termes de réflexion sur les rapports entre les deux sexes. Pedro, comme ce serait le cas d’une femme à sa place, passe de l’incrédulité à la honte, et la confusion, dans la mesure où il doit faire le choix entre la soumission et la perte d’un job qu’il aime… Luis (Fele Martínez) a une nouvelle partenaire pour ses patrouilles, une fille sexy qui rend jalouse Esther. Il va, de fil en aiguille, expérimenter à son tour la mise en place d’une liberté sexuelle dans son couple, qui va redéfinir sa relation conjugale. Raúl (Raúl Tejón) aimerait regagner Luz (Kira Miró) et fréquente désormais le milieu gay madrilène, grâce à son nouveau partenaire professionnel, ce qui crée encore plus de confusion dans sa tête. Finalement, Santi (Gorka Otxoa) – sans doute le personnage moins vraisemblable de la série, le plus mal écrit – n’est pas heureux du retour de l’insupportable Blanca, et va faire une nouvelle rencontre romantique, qui risquera d’être gâchée par ses propres (et nouveaux) préjugés de « mâle déconstruit »…
On voit que la série de Laura et Alberto Caballero n’est pas à court d’idées pour prolonger la trajectoire amoureuse, sexuelle et amicale de chacun des quatre « mâles alpha », plus perdus que jamais… même si tous les rebondissements ne sont pas crédibles, et si certaines situations sentent le scénario forcé dans le sens d’une certaine démonstration, tour à tour, de l’absurdité du wokisme et de la toxicité du machisme. Entre ces deux extrêmes, Machos Alfa oscille quelques fois avec bonheur, cherchant finalement à professer la vertu du « bon sens » face aux diktats de la société comme aux traditions dépassées. On est bien obligé de reconnaître que ça ne fait pas beaucoup avancer la réflexion sur ces sujets complexes, mais ça a le mérite d’être divertissant…
On imagine bien Machos Alfa devenir peu à peu une version ibérique de nos chères Desperate Housewives d’autrefois. En tout cas, il ne faut pas se refuser le plaisir à la fois simple et intelligent de cette série qui sait être alternativement empathique et décapante !
Eric Debarnot