Hier soir, à l’Olympia, on a dit adieu, ou plutôt, on l’espère, seulement au revoir, à Merve, la chanteuse d’Altın Gün, à l’occasion d’un autre concert réussi du groupe néerlando-turc.
La nouvelle est tombée quelques semaines plus tôt : Merve Daşdemir, la rousse chanteuse d’Altın Gün, quitte le groupe ! Même si l’on peut penser que le chant du taciturne Erdinç Ecevit Yıldız est encore plus beau, c’est Merve qui incarne mieux que quiconque sur scène l’âme du groupe, sa flamme. Pas question donc de manquer ce « dernier concert à Paris » avec Merve, avant une nouvelle incarnation du groupe néerlandais dont le succès ne finit pas de grossir. Le concert de l’Olympia est d’ailleurs rapidement complet, et les malheureux n’ayant pas pu trouver une place se désespèrent. Comme il y a quasiment un an, lors d’un concert inoubliable au Trianon – le meilleur que nous ayons vu d’eux, pour notre part -, la salle se remplit très lentement, et est encore bien vide pour accueillir la première partie de la soirée…
20h00 : … une première partie qui nous vient également des Pays-Bas, d’Amsterdam, un trio qui nous interprète une électro plate comme leur pays : Housepainters, avec autant de charisme qu’une bouteille de lait, enchaînent des morceaux tous semblables, qui consistent en la répétition de phrases bizarres sur un tapis d’électronique et de percussions, avec une petite guitare pour faire rock. L’ennui s’installe bien vite, et rien ne semble pouvoir perturber ce programme duquel ne se dégage aucune émotion ni aucune intensité particulière. Bon, le dernier titre est un tantinet plus animé, mais, très honnêtement, ces peintres en bâtiment feraient bien en effet de retourner aux travaux manuels plutôt que de nous infliger trente minutes aussi radicalement vides.
21h00 : Altın Gün pénètrent sur la belle scène de l’Olympia sous un torrent d’applaudissements, la salle s’étant remplie très rapidement pendant la première partie. Juste quelques tout petits changements capillaires avec des cheveux plus bouclés pour Erdinç, une barbe un peu plus fournie pour Jasper Verhulst, âme du groupe et bassiste spectaculaire et bondissant (mais peut-être est-ce notre mémoire qui nous joue des tours, il faudra revoir les photos de l’année dernière)… Sinon, on retrouve dès le premier morceau, Şeker Oğlan, ce qui fait le charme de cette musique, constituée de reprises du répertoire turc jouées dans un esprit et une forme rock « psyché » : impossible de ne pas se trémousser, de ne pas se réjouir, et ce d’autant que le son est comme toujours parfait (tiens l’ingénieur du son des Pixies devrait en prendre de la graine). Ce qui est moins parfait, c’est l’éclairage, d’ordinaire agréable chez Altın Gün : très réduit, comme pour sacrifier à la mode actuelle (ou alors, c’est le responsable des lumières du Supersonic qui travaille désormais à l’Olympia : sauve qui peut !), en dépit d’une barrière de néons autour du groupe, du plus bel effet…
Şeker Oğlan et Tatlı Dile Güler Yüze, qui le suit, sont deux titres extraits de On, le tout premier album qui date de 6 ans, déjà : un choix laissant entendre d’emblée que la setlist sera beaucoup moins centrée sur Aşk, le dernier album paru. S’agit-il pour les adieux de Merve de nous faire parcourir toute l’histoire du groupe ? On sera finalement l’album le plus honoré ce soir, avec pas moins de sept morceaux interprétés… Pour la question du présent (ou du proche futur) du groupe, on nous offre Vallahi Yok, le tout nouveau single, qui marque d’ailleurs une franche continuité, les tentations électro / disco semblant désormais écartées (certains regretteront, de fait, l’absence sur la setlist du crowdpleaser qu’est Doktor Civanım…).
Il faut aussi reconnaître que les vingt premières minutes du set de ce soir ne seront pas aussi enthousiasmantes qu’à l’habitude, et qu’il faudra attendre Leylim Ley, le premier extrait de Aşk pour que la flamme se rallume complètement… Le concert se déploiera cette fois sur un mode crescendo, avec un formidable pic d’intensité atteint au bout d’une heure environ, quand les dialogues entre le saz d’Erdinç et la guitare virtuose de Thijs Elzinga prennent une dimension quasi surnaturelle. On pourra toutefois regretter qu’il ait manqué sur scène une touche de folie qui aurait pu faire basculer la soirée vers le vraiment exceptionnel…
Quand on en arrive au rappel, la communauté turque a largement investi les premiers rangs, ce qui nous permet de retrouver l’ambiance festive du Trianon, avec un public capable de chanter les paroles des chansons (qui sont toutes, rappelons-le, des classiques, soit traditionnels, soit modernes, de la culture turque…). Très belle conclusion avec le trio Goca Dünya, Yekte et Çiçekler Ekiliyor, coloré par l’émotion qu’a créée Merve en nous faisant ses « adieux » : on imagine qu’on la reverra dans un projet « personnel » qui lui permettrait de s’exprimer en dehors du cadre des « reprises » de chansons d’autres auteurs… Mais c’est quand même une page de l’histoire d’Altın Gün qui se tourne. Une page qu’on est ravi d’avoir parcourue.
İyi yolculuklar Merve!
Texte et photos : Eric Debarnot
D’accord avec vous sur la 1ere partie , oubliable et à oublier.
Pas non plus le meilleur concert d’ Altïn Gün, pas beaucoup d’enthousiasme, pas de synergie et de communion entre les musiciens (d’ailleurs ils n’ont même pas été présentés), 1h30 (seulement) d’un concert oubliable si on était au Trianon. Même la foule bien présente n’a pas réussi à se lacher et l’alchimie qu’on a connu avec le groupe dans d’autres osccasions n’a jamais pris. J’ai bien peur que le départ de Merve sera dur à digérer et il faudra qu’Altin Gün sache se renouveler.