Hannah Miette propose des chansons douces et sombres, subtiles, bien écrites et arrangées, et superbement chantées. Des musique folk, avec des influences pop et un fond expérimental.
Il y a des albums que l’on regrette de ne pas avoir écoutés (des dizaines, des centaines, peut-être). Il y a ceux dont on regrette de ne pas avoir parlé, d’avoir oublié par manque de temps ou pour une autre plus ou moins bonne raison. Essayons d’éviter que l’album d’Hannah Miette ne se retrouve dans cette catégorie. Ce serait dommage pour lui, et pour vous. Hannah Miette, donc, ce joli nom (qui sert aussi de titre à l’album) est le pseudo choisi par Lucien Chatin pour composer de la musique. Lucien Chatin est batteur de son état, formé aux musiques actuelles et Jazz à l’ENM de Lyon à Villeurbanne, qui accompagne chanteurs et groupes sur scène et en studio, une chose qu’il nous dit « adorer » ! Ces rencontres, ces concerts, enregistrements, l’ont enrichi, lui ont procuré une expérience fondamentale pour composer l’album, qui est venu assez naturellement : « la composition s’est imposée d’elle-même après toutes ces années à être imprégné de la musique des autres. » Lucien Chatin a d’abord « composé la musique, sans me poser de questions sur le format. Je me laissais transporter par les émotions que je traversais au moment de la composition, c’était vraiment très agréable et libératoire. » Ce n’est qu’après que la collaboration a commencé : « j’ai proposé à des artistes que j’aime de chanter sur quelques chansons, leur laissant carte blanche sur les textes et les mélodies vocales. J’ai ensuite peaufiné les arrangements une fois que les voix avaient été posées. »
Le processus de création n’a malgré tout pas été facile. Cela même été « laborieux » ! Et pour cause : « je n’avais jamais composé de ma vie et que je ne savais pas vraiment ou j’allais, les choses sortaient d’elle même, sans but précis. » Pourtant, l’album ne dit rien de ces difficultés. Les 10 morceaux qui composent ce Hannah Miette donnent immédiatement l’impression d’une grande unité. Musique et chants, arrangements et mélodies, se combinent, s’harmonisent parfaitement. On sent effectivement une vraie complicité. Au moins, on comprend que les chansons aient été le produit d’une telle complicité. Les artistes invités à collaborer à l’album sont celles avec lesquelles Lucien Chatin joue sur scène ou en studio. Il les connaît — « la totalité des invités sur le disque sont des personnes que j’ai ou que j’accompagne sur scène ou en studio ». Les choisir n’a dont pas été le fruit du hasard. Le choix des collaborations s’est donc tranquillement « imposé », « comme une évidence ». Il avoue lui-même être « chanceux » que ces personnes, « ces artistes et ami(e)s que j’admire aient accepté ces collaborations. »
10 morceaux folk et pop, même s’ils n’ont pas le format de chansons pop : « mes influences viennent en grande partie de la Folk et de la Pop, mais… il me semble justement qu’aucune des chansons de l’album ne correspondent à un format pop, car je crois que je n’ai jamais composé de refrain… En revanche, sur les sonorités, en effet, ce disque s’inscrit très certainement dans le registre Pop Folk. » Pas de refrains, mais de belles mélodies (d’ailleurs, il n’y a pas de raison d’opposer l’un aux autres). Lucien Chatin dit être « surtout sensible aux mélodies lorsque j’écoute de la musique », bien que mes mélodies soient extrêmement simples et répétitives, j’ai aimé les mettre au premier plan, j’ai essayé en tout cas. » Et ça marche, des chansons qui sont vite addictives, qu’on fredonne, qu’on a en tête.
Ces chansons sont terriblement addictives aussi parce qu’elles sont belles, légères, aériennes. 10 morceaux d’automne ou de printemps (des saisons intermédiaires), des morceaux qui échappent à la violence de l’hiver ou de l’été. Des morceaux qui sont beaux justement parce qu’ils sont entre deux, ce qui leur permet de former une sorte de cocon dans lequel on se sent immédiatement et parfaitement bien. Il n’y a rien de brusque ni de violent (au moins immédiatement), rien d’agressif, on sent comme une caresse tiède qui sort des enceintes… C’est en particulier le cas du morceau sur lequel chante François Atlas, qui a un rythme un peu brésilien (soir tombant sur une plage sous les tropiques…) : « ce n’est vraiment pas fait exprès » dit Lucien Chatin, « mais je prends ! La balance rythmique est en effet pas forcément très commune, car le morceau tourne en 5/4. C’est le dernier morceau qui a été composé, c’est également celui sur lequel j’ai le plus douté, et pourtant, je crois que c’est celui que je trouve le plus authentique. » Difficile de dire pour lui ce qui est authentique et ce qui ne l’est pas. Rien ne semble faux ou surjoué ou fabriqué sur l’album.
C’est quand même une belle qualité.
Alain Marciano