On attendait beaucoup de la release party parisienne, au Point Ephémère, du premier album des Rémois déjantés de Chester Remington, et on n’a pas été déçus. Beaucoup de bruit, beaucoup de danse, beaucoup de sourires : champagne pour tout le monde !
La découverte de ALMOST DEAD, le premier album (après 2 EP…) de Chester Remington, a été l’une de nos plus grandes raisons de nous réjouir de ces dernières semaines, pourtant riches en sorties de disques réussis : pas question donc de manquer sa « release party » parisienne, au Point Ephémère !
20h45 : on démarre une soirée que l’on pressent bruyante avec les Parisiens de YAR. Menés par une petite chanteuse qui n’a pas l’air commode avec son style Riot Grrrl, ils semblent se cataloguer eux-mêmes comme « No Wave ». En fait, ils nous assènent 30 minutes d’une musique lourde et brutale, pas aussi déconstruite que leur étiquette pourrait le suggérer : découpée en morceaux plutôt courts, peut-être même trop pour que l’effet hypnotique qu’on a envie d’expérimenter puisse se déclencher, c’est une musique forte et originale, parfois pas très loin du métal… Il est impossible de ne pas apprécier un certain radicalisme dans leur démarche, mais le set a finalement un petit goût de trop peu… Il faudra suivre leur évolution, car YAR ne manquent pas de potentiel. Dommage que les lumières aient été assez minimales…
21h45 : … et ça va être encore pire avec nos chouchous de Chester Remington, qui vont jouer leur set de 65 minutes dans une obscurité quasi totale, obligeant même les photographes à dégainer leurs flashes ! Du point de vue du niveau sonore, par contre, impossible de se plaindre, le volume étant bien supérieur à ce qu’on entend en général dans les salles parisiennes, ce qui fait un bien fou…
… Et « fou » est une épithète qui va comme un gant aux cinq Rémois, dont la musique ne suit guère les schémas habituels. Et c’est même pour ça qu’on l’aime. Les deux premiers titres, You Liar et Love, qui ouvrent les hostilités – curieusement inversés par rapport à l’ordre de l’album – servent un peu d’échauffement, avant que l’imparable Shake It permette au groupe d’exprimer toute sa fantaisie. « Déjantés » est aussi un qualificatif impeccable pour ces musiciens qui nous offrent un rock à la fois mélodique et heurté, pour ces voix de faussets, pour ces postures scéniques extrêmes, manches de guitare à la verticale… Mais Chester Remington peuvent se payer aussi le luxe d’accélérations folles, de montées en puissance ébouriffantes ! Le public, entièrement dédié à leur cause (débarqué en masse de Reims ?) est en liesse, chante les refrains – souvent nourris d’onomatopées – à pleins poumons, et oscille frénétiquement quand ça s’impose. On écrit « oscille » car l’heure est plus à la danse joyeuse qu’au traditionnel pogo : la musique de Chester Remington n’a plus grand-chose de punk, ni de post punk, sauf si l’on classe leur style occasionnellement « post-Talking Heads » rigolard dans ce genre !
Plus le set avance, plus il est évident qu’il se passe quelque chose de vraiment fort et original sur scène. La setlist nous propose aussi quelques titres des 2 EPs, Nobody Cares About My 4 Tracks Record et Doldrums : le fabuleux Don’t Say Shit (punk, oui, pour le coup !) permet de mettre le feu au Point Ephémère, tout le monde scandant le fameux « Don’t. Say. Shit »… On en arrive à la fin (officielle) du set avec le magnifique et brutal Almost Dead – mini symphonie de brisures et de changements de rythme et d’atmosphère.
Pas question de sortir de scène et de perdre du temps et de l’énergie, autant enchaîner immédiatement avec les trois derniers titres, Out There, Two To Two et Beach, trois brûlots absurdes et déconstruits traversés de vocaux délirants ! Sourires généraux et généreux de rigueur dans la salle, malgré les (ou à cause des) oreilles qui font mal : Chester Remington ont clairement gagné la partie et confirmé tout le bien qu’on pensait d’eux à l’écoute de leur album.
Allez, champagne pour tout le monde ! Trinquons en l’honneur d’un autre groupe français singulier. Et peut-être bientôt exceptionnel.
Texte et (mauvaises) photos : Eric Debarnot