Jean-Christophe Mazurie joue avec les inquiétudes légitimes face à une vacance du pouvoir les clichés féodaux et l’absurde. Le propos est léger, mais la bonne humeur assurée.
Dans un royaume indéterminé du Moyen Âge, le monarque est en fin de vie. Sénile, il s’accroche à la vie. Or, il ne laisse pas de descendant : qui donc lui succèdera ? Le pays est en paix, mais qu’en sera-t-il demain ? Autour de lui, les courtisans complotent, les paysans s’inquiètent et les brigands s’agitent, tandis que la Mort, enfin, approche. Préoccupée par une forte épidémie de peste, cette dernière déteste la campagne et se perd en chemin. Le ton est donné. Il y a du Kaamelot dans cet album, mais en plus sage.
Signant le scénario et le dessin, Jean-Christophe Mazurie découpe son histoire en gags d’une page. C’est drôle, répétitif et gentiment absurde. Il nous offre quelques jolies trouvailles, comme les trois enfants retrouvés du roi, les états d’âme du troubadour où les débuts, encore très grossiers, de l’amour courtois.
Mazurie caricature avec talent. Son trait est minimaliste, mais objectivement efficient. Sur un fort classique gaufrier, il croque ses différents personnages avec énergie. Adroitement enluminurés, quelques dessins en pleine page viennent rompre la monotonie de la lecture.
Si j’ai souvent raconté que j’ai appris à lire dans Tintin, je dois mon sens critique à Fluide Glacial. Admettons que le lectorat de la revue humoristique et décomplexée a vieilli, avec moi, et qu’elle se retrouve dans la nécessité de rajeunir son lectorat. Ces Chroniques du château faible sont certes drôles, mais un tantinet trop gentilles.
Stéphane de Boysson
Chroniques du château faible
Scénario et dessin : Jean-Christophe Mazurie
Éditeur : Fluide Glacial
56 pages – 13,90 €
Sortie : 7 février 2024
Chroniques du château faible — Extrait :