Second album pour Fontanarosa, qui confirme tout le bien qu’on avait pensé du groupe avec sa précédente livraison. Une musique qui s’affirme, toujours dans la diversité, entre swinging 60s et psychédélisme 70s, entre rock électrique et folk-psychédélique.
Fontanarosa nous avait proposé un premier album, Are you here ? dont nous avions déjà dit beaucoup de bien en 2022. Le second album est également très réussi ! Une pop intemporelle, avions-nous dit. Le résultat est peut-être un peu différent, entre pop, folk, très psychédélique. Mais avec toujours pas mal de guitares, souvent électriques. Et un album encore très varié, alternant les rythmes et les ambiances. Take a look at the sea comprend deux parties assez distinctes. Mais il n’y a pas une face A et une face B ; les morceaux sont mélangés. Quasiment deux salles deux ambiances, même si tout cela nous renvoie à une décennie, les années 60. Des compositions très sophistiquées, pour de très bons morceaux. Fontanrosa sait composer de la musique éclectique et de qualité ! Embarquons pour le voyage.
Take a look at the sea commence en fanfare, avec trois morceaux qui représentent la face rapide de l’album. Trois morceaux fulgurants, surtout le premier d’ailleurs : batterie métronomique et endiablée, riff entêtant, accords plaqués pour l’ambiance, mélodie impeccable, voie traînante pour Door to door et son ambiance sombre et mélancolique (désabusée?) – un morceau parfaitement réussi ; un rythme tout aussi soutenu, mais un morceau plus lumineux pour suivre (Here, Somewhere) ; et puis Heartland, entre ombre et lumière, plus ombre que lumière, un morceau qui accélère en prenant de la gravité, de la tension, avec une guitare de plus en plus présente et toujours cette batterie rapide et nerveuse. trois morceaux qui mènent donc un train d’enfer. Et puis, l’album change d’ambiance. Ce n’est que plus tard qu’on trouve de nouveau des morceaux aussi rapides et électriques, mais très différents. Endless Tracks et surtout Untie et Dear Rising Dawn ont un côté sixties, swinging.
Entre temps se sont intercalés des morceaux assez différents, bien plus lents, qui marquent un changement d’ambiance. Les guitares sont bien plus aériennes, les riffs ont disparu pour laisser la place à des arpèges plus légers, la batterie se fait plus discrète, quitte à disparaître. Et quand elle est présente, c’est avec quelques cymbales. In the meantine, le quatrième morceau album, est non seulement plus lent, il est aussi sans batterie, mais pas sans rythme, une mélodie à la Jethro Tull, sur des arpèges genre folk-psychédélique, un morceau qui est aussi entêtant que les précédents, à sa façon.
Plus tard, Sundown, avance aussi au ralenti, comme suspendu dans le temps, de nouveau ces arpèges de guitare, sur un jeu de cymbales, quelques roulements légers, la musique accompagne doucement le chant, s’arrête, reprend avec une basse ronde… le tout n’est pas sans évoquer King Crimson. Encore un peu plus loin, Take Time est un bref intermède d’une minute environ, carrément psychédélique qui, s’il avait continué (et ce morceau aurait pu courir sur plusieurs minutes) aurait pu exploser dans un concert d’instruments comme sur Ummaguma ou Atom Heart Mother, ce qui arrive presque sur Care… et le groupe montre qu’il est capable de ce genre d’envolées, un des meilleurs morceaux de l’album. Et, enfin, encore des arpèges et des cymbales sur What a day. Le groupe exploite cette veine, mélodie soignée sur rythmes psychédéliques.
Alain Marciano