Après deux années de pénitence, Hergé achève l’histoire de la malédiction de Rascar Capac.
La guerre est finie. Les amis de Tintin attendent la suite de l’histoire des Sept boules de cristal, dessinée entre 1943 et 1944. À leur retour d’une expédition au Pérou, sept savants ont été envoutés et le professeur Tournesol a été enlevé. Hergé déprime. Les juges belges lui ont interdit de publier la suite. Ses ennemis ne désarmant pas, il envisage d’émigrer en Amérique du Sud (en Argentine). Ce n’est que fin 1946 qu’il est autorisé à reprendre son travail, Tintin et le capitaine Haddock s’envolent donc, eux, pour l’Amérique du Sud (mais pour le Pérou). Pourtant, Hergé n’est pas totalement sorti d’affaire ; déprimé, il s’interrompt deux mois. Quand l’album du Temple du Soleil sort enfin, il plait. Tintin n’a pas souffert des affres de son créateur.
Enfant, je ne possédais que le premier volet du diptyque. Une histoire angoissante, Tintin se révélait impuissant face à un ennemi invisible. Je connaissais moins bien la suite. Notre héros affrontait le mutisme des Indiens, puis une faune sauvage, avant de se retrouver face à d’authentiques Incas. La scène de l’éclipse me fascinait, éclipsant, si j’ose dire, l’interminable voyage à travers la montagne et la forêt vierge.
Par une astuce scénaristique, Tintin voyage dans le temps et se trouve projeté dans l’empire inca. Hergé reprend l’idée des mondes cachés imaginée par Jules Verne (Le Voyage au centre de la Terre – 1864), puis par Arthur Conan Doyle (Le Monde perdu – 1912) ou, plus proche encore, par Gaston Leroux (L’Épouse du Soleil – 1912). L’album souffre d’une mise en place un peu longue. Hergé peine à faire avancer son histoire. Un peu comme au Congo, Tintin et le capitaine Haddock sont confrontés à des crocodiles et à un serpent géant, puis à des condors et à un ours. Si Milou est désormais en retrait, Haddock, quoique fort sobre, et les Dupontd s’en donnent à cœur joie, bien aidés par le running gag avec les facétieux lamas. « Quand lama fâché, lui toujours faire ça ! » La notoriété, du moins en Europe, des camélidés andins lui doit beaucoup.
Le dessinateur est au sommet de son art. De nombreuses scènes m’émerveillent, la très belle séquence nocturne dans le cargo, avec son jeu de cache-cache, la chute du wagon ou la bataille générale initiée par l’irruption dans le Temple du soleil. Les mouvements de foule sont particulièrement difficiles à réaliser, or la planche est parfaite. Hergé a pris le temps de se documenter : selon les spécialistes, les décors et les tenues sont exacts.
Plus important, les Quechuas ne sont plus caricaturés en bons sauvages, comme l’étaient les Congolais ou les Arumbayas, mais présentés comme un peuple respectable. Tout au plus, peut-on regretter que leurs dignitaires manquent un peu d’humour. Jadis, je m’identifiais au jeune Zorrino. Aujourd’hui, j’admets avoir vieilli, je suis plus touché par l’angoisse du Capitaine face à la fuite du temps. Haddock est mon ami.
Stéphane de Boysson
bonjour ‘combien peut être vendu collection moulinsard’ tintin album et figurines merci ‘cordialement
Désolé, nous ne sommes pas experts en la question de la valorisation de livres. Bonne chance quand même !
Si ces 2 albums sont naturellement l’œuvre d’Hergé, leur dessin serait toutefois issu de sa collaboration (et donc du travail) d’Edgard P. Jacobs, auquel on doit la fameuse série des « Blake & Mortimer »..
Je pense que nous l’avons souligné dans nos textes, mais c’est bien le rappeler.