Devant les critiques formulées un peu partout quant à la première partie de son Rebel Moon, Snyder avait répondu qu’on allait voir ce qu’on allait voir avec la seconde. Eh bien, on a vu, et c’est encore pire !
Ecrire à propos d’une expérience aussi désastreuse que le visionnage de la seconde partie du Rebel Moon de Zach Snyder pose un certain nombre de défis. Le premier est la question – fondamentale – de l’utilité d’une telle « critique », puisque les fans de Zach Snyder continueront sans doute à clamer qu’on ne comprend rien au génie de leur héros, tandis que la partie la plus raisonnable des cinéphiles aura de toute manière abandonné depuis longtemps le visionnage des films de Snyder, et aura eu, après la débâcle de la première partie, peu de raison de perdre deux heures de plus de sa vie devant L’entailleuse, la suite de Rebel Moon – Enfant de feu… La suite, et a priori, pas la fin, puisque la conclusion du film laisse entendre que d’autres volets de l’épopée (rires) sont possibles (à moins que les financiers de Netflix ne débranchent l’alimentation de la pompe (à fric) maintenant en vie un patient désormais en coma dépassé !
Le second défi, puisqu’on a décidé de poursuivre, est comment – et pourquoi – ne pas juste répéter ce qu’on a écrit il y a quatre mois seulement sur Enfant de feu ? La copie / le plagiat des 7 samouraïs de Kurosawa, la reproduction juste moins enfantine des concepts de Star Wars, les travers habituels du « metteur en scène » Snyder, et toutes ces choses qui font de Rebel Moon un véritable désastre. Oui, quelque part, pas meilleur, voire pire que ce que la maison Disney a fait de Star Wars, mais dans un registre différent, plus bruyant, plus démonstratif, et finalement encore moins sympathique.
La construction de cette seconde partie est la même que celle de la première, en pire : le début, avec les paysans désirant protéger leur récolte des prédateurs de l’empire, est encore plus lent et moins intéressant. Sir Anthony Hopkins n’est pas là cette fois pour faire diversion (il ne reviendra à la fin qu’en ridicule super-héros marvelien !), et on a droit aux confessions pleines de clichés de chacun de nos mercenaires, qui ne servent sans doute qu’à nous faire « rêver » à toutes les autres planètes que l’univers de Rebel Moon nous fera visiter dans de futurs épisodes. On a droit aussi à l’entraînement « militaire » de quelques heures qui fera d’une bande de villageois des soldats plus aguerris que les professionnels qui les attaqueront dans deux ou trois jours (sans même parler de leur capacité de creuser quasi instantanément un réseau de tranchées digne de ceux de nos poilus en 14-18). Et puis à la fin, tout le monde danse sur de la musique celte, car il est établi par les mâles blancs états-uniens qu’une population du futur ne saurait avoir conservé du passé que les saines valeurs culturelles du l’Europe du Nord (bon, on ment, il y aussi ce bon Djimon Hounsou – d’ailleurs le seul à essayer de faire un travail d’acteur au milieu de la débandade générale – qui nous récite une incantation africaine, ou quelque chose du genre).
Et puis, ensuite, quand les vaisseaux de la flotte ennemie, qui fonctionnent au diesel et au charbon, finissent par arriver, on a droit au gros baston, qui se passe largement au ralenti, et qui verra les bons triompher, sans surprise, des méchants, au prix de la mort de quelques uns d’entre eux quand même. Dans ce gros baston, certes spectaculaire par instants – on aimera bien le duel final du grand méchant nazi avec la grande gentille d’origine nord africaine, qui se déroule au long d’une interminable chute -, on ne prendra même plus garde aux invraisemblances qui se ramassent à la pelle, ni aux idées déjà mille fois vues et revues, en mieux souvent, ailleurs. Et tout au long de ces deux heures – qui, dieu merci, n’en font pas trois -, on n’arrêtera pas de se poser la grande question : « Mais pourquoi un empire envoie-t-il une flotte et une armée à des années lumières juste pour ramasser quelques sacs de blé produits par des pouilleux sur une lune sans intérêt ? ».
Mais le pire n’est pas que cette seconde partie de Rebel Moon soit aussi calamiteuse (moins spectaculaire, moins originale encore que la première), mais qu’il pourrait bien y avoir des suites au programme !
Eric Debarnot