On n’avait jamais vu Copenhague comme ça ! Une sirène assassinée et c’est tout le pays qui est en émoi. Exit alors le flegme danois, c’est un sirocco qui souffle sur la capitale danoise. Pandolfo & Risbjerg nous livrent ici une comédie romantique burlesque et rafraichissante.
C’est la panique à Copenhague ! On a retrouvé une sirène morte échouée au bord d’une rivière dans le centre-ville. Pour tous les Danois, c’est un véritable drame national ! Tout le pays va se retrouver paralysé, avec les gares et les aéroports bouclés ! C’est le moment qu’a choisi Nana Miller pour séjourner une semaine dans la capitale danoise. Le problème, c’est qu’elle n’est désormais plus sûre de pouvoir rentrer à Paris comme prévu, alors que sa fille est restée seule… Heureusement pour elle, une rencontre inopinée avec un grand escogriffe passablement farfelu, Thyge, va donner lieu à une aventure échevelée. Le duo va tenter de mener une enquête pour retrouver les coupables, seule condition pour débloquer la situation et permettre à Nana de rentrer chez elle…
Une BD se déroulant à Copenhague, cela devait bien finir par arriver de la part de l’inséparable duo franco-danois Pandolfo-Risbjerg… D’ailleurs, on pourrait même déceler une part autobiographique dans ce récit déjanté mêlant enquête policière et romance, mais ça, c’est au lecteur qu’il appartiendra d’en juger et uniquement au lecteur…
Et pour ce qui est de la déjante, le moins qu’on puisse dire, c’est que les auteurs n’ont pas fait dans la demi-mesure ! L’histoire commence en fanfare, au propre comme au figuré. Dès son arrivée dans la cité scandinave, Nana Miller, parigote un peu olé-olé (qui a décidé de partir une semaine à Copenhague en oubliant de prévenir sa fille, restée seule à la maison !), va se retrouver entrainée dans un tourbillon sonore au rythme des tambours et des trompettes lors d’une parade de soldats royaux, un événement qui va donner le la de l’histoire…
Après ce démarrage en trombe, le récit d’Anne-Caroline Pandolfo va se poursuivre sans aucun temps mort en nous entraînant dans les pas frénétiques de Nana Miller et de Thyge Thygesen, un grand type totalement extravagant qui semble débouler d’une autre planète, sorte de croisement entre Pierre Richard et Jacques Tati. L’improbable duo d’enquêteurs improvisés va ainsi se lancer à la poursuite des assassins présumés de la sirène. A l’image de Thyge, cette histoire bien barrée va osciller entre burlesque et poésie, avec une galerie de personnages hauts en couleurs et une meute de toutous pittoresques. C’est à la fois foutraque et charmant, c’est léger et ça se mange sans fin, et si ça ne tient pas forcément au corps, ça fait tout de même du bien par les temps qui courent…
Comme à son habitude, Terkel Risbjerg nous livre un dessin splendide et accompagne de façon très fusionnelle le récit de Pandolfo. Celui-ci rend bien hommage à la capitale danoise qu’il chérit sans aucun doute possible, avec des vues nocturnes et enchanteresses de la ville qui donnerait bien envie d’y traîner ses guêtres.
Avec Copenhague, les auteurs nous montrent aussi une ville sous un jour inattendu, bien loin de l’image parfaitement ordonnée que l’on pourrait avoir des mœurs danoises, en tout cas ceux qui n’y ont jamais mis les pieds. Celle-ci prend parfois des airs de cité méditerranéenne où la vie ressemble à un joyeux bazar, il ne manque que Léon la Terreur pour compléter le tableau ! Cette bande dessinée totalement feel good, en s’inspirant du célèbre conte d’Andersen, donne voix à des sirènes bienveillantes dont on se laissera volontiers ensorceler par le chant, si tant est qu’il éloigne la laideur du monde.
Laurent Proudhon