[Live Report] Irnini Mons et Ménades au FGO-Barbara : l’incendie et les météorites !

Entre l’incendie allumé par Ménades et les météorites envoyées en rafale par Irnini Mons, il fallait se cramponner hier soir au FGO-Barbara, lors d’une autre soirée consacrant la belle vitalité du Rock français actuel !

Ce soir, nos chouchous d’Irnini Mons nous offrent quasiment une release party de leur premier album, Une habitante touchée par une météorite, dans la belle salle du FGO-Barbara. Un évènement à ne manquer sous aucun prétexte, et ce d’autant qu’ils sont en double affiche avec un groupe parisien bénéficiant d’un excellent bouche-à-oreille, Ménades. Résultat : une salle bien remplie et une ambiance chaleureuse et festive, promesse d’une belle soirée.

 

20h17 : Un peu de culture : les Ménades sont des prêtresses grecques s’adonnant au délire pour adorer Dionysos, le dieu des excès. Quel formidable nom de groupe ont choisi là les trois filles au cœur de cette musique délirante et explosive, qui va illuminer le début de la soirée ! Bon, on parle de trois filles (la chanteuse au look gothique réussi, la guitariste et la bassiste), mais il y a aussi deux garçons pour jouer un rock énergique, qui ratisse large entre hardcore, métal, punk et même rock français « classique » (Les Rita Mitsouko, en particulier, comme sur l’intro du concert, La hache). Ménades déploient une énergie impressionnante, sont scéniquement passionnants, mais savent surtout osciller entre frénésie furieuse et décontraction. Leur arme secrète est leur chanteuse, qui a une vraie présence, et surtout une bonne voix, aussi convaincante dans les aigus que dans les tonalités plus basses – où elle évoque parfois Catherine Ringer… avant de monter dans l’hystérie. Il y a aussi cette bonne idée de mélanger des textes en français et d’autres en anglais, permettant encore plus de varier les atmosphères. On notera la grosse prestation vocale sur Hydrate-Toi et sur Good Partner, et le final endiablé sur Cramée (« J’ai pas besoin de toi ! », répété en refrain colérique). Zut, encore un groupe français à suivre ! 50 minutes incendiaires, pas loin d’être mémorables, même !

21h30 : c’est sur Quand soudain, avec l’annonce radiophonique de l’apparition « d’une étrange boule lumineuse dans le ciel alsacien » qu’Irnini Mons attaquent leurs 50 minutes à eux : sur T’as pas peur, la voix de Valentin évoque celle de David Byrne (« T’es plus capable de te lever le matin… »), et la rythmique syncopée sonne assez Talking Heads, une référence finalement évidente (… alors que les musiciens ne les citent pas forcément comme influences !) et qui rapproche les Lyonnais de la nouvelle scène de Brooklyn.

Dès l’attaque de L’acteur, qui devient ici une véritable crise de nerfs, on sent la différence énorme entre les versions live des chansons et celles qu’on vient de découvrir sur l’album. Le son de guitare de Valentin est littéralement énorme, la batterie de Fanny mitraille avec cette redoutable efficacité qu’on lui connaît depuis les débuts du groupe (héritage du punk rock de Décibelles…). Les voix de Sabrina et Valentin sont malheureusement un peu trop en retrait, mais c’est souvent le cas quand on a des groupes qui tapent très dur sur scène.

La musique d’Irnini Mons, aujourd’hui, évoque donc Talking Heads, mais aussi Devo (deux groupes en train de devenir des références fondamentales de tout un pan de la musique actuelle) : on parle de rythmes frénétiques, dansants, mais également avant-gardistes, contrastant avec les vocaux plutôt éthérés, faussement naïfs… Par rapport à la dernière fois qu’on les a vus en 2022, on a un peu perdu les aspects « médiévaux » curieux du EP, et d’ailleurs ni Feu de joie, ni Ça part en fusée ne seront sur la set list, qui comprend neuf des dix titres du nouvel album (Toi là, une chanson bien plus douce, est – assez logiquement – exclue). On est dans le noise (Quelqu’un de bien est sonique !) et le frénétique !

Le « classique » Montréal fait monter le niveau sonore, mais également l’intensité. Elis Police confirme son potentiel tubesque, et le trio Mauvais destin / En solitaire / Bonne journée (une véritable tuerie !) nous fracasse littéralement, avant l’ample conclusion, moins tendue, des Montagnes ambrées.

Ce set confirme la grosse montée en puisse d’Irnini Mons, et on n’en est qu’au tout début de la tournée : attention aux météorites explosives pendant les prochains concerts !

Texte et photos : Eric Debarnot