Personne ne devrait être surpris que James Hoare / Penny Arcade soit capable, encore et quasiment toujours, de produire des albums de ce niveau-là, une musique parfaitement dépouillée, réduite à l’essentiel sans être réduite à pas grand-chose. Pas un seul faux-pas, pas une faiblesse. Si la perfection était de ce monde…
James Hoare est un guitariste de groupes excellents – The Proper Ornaments, Ultimate Painting, ou Veronica Falls – qui produisent de la musique bien trop rarement au vue de la qualité du résultat, et du plaisir qu’on peut éprouver à l’écouter. Il y a toujours quelque chose de jouissif dans la musique quand elle est aussi… belle ? Oui, probablement. Belle, fragile, aérienne, flottant en apesanteur au-dessus des soucis de la vie quotidienne et capable de créer une sorte de cocon, un endroit dans lequel on peut se réfugier parce qu’on s’y sent bien. C’est à peu de choses près l’effet que produisent les morceaux que ces groupes ont composés ces dernières années. C’est exactement l’effet que produisent les 10 morceaux qui forment cet album enregistré sous le nom de Penny Arcade. 10 morceaux pour seulement une petite demi-heure, mais pour un effet puissant et qui dure bien plus longtemps que l’album lui-même.
La qualité de ces compositions réside essentiellement dans leur dénuement, leur dépouillement – oui, celles et ceux qui n’apprécient que les orchestres à cordes et cuivres peuvent être déçu. Et c’est pour cela que ces chansons sonnent de cette manière aussi éthérée et aérienne, parce qu’ils sont débarrassés d’un superflu dont on nous répète à longueur de journée qu’il a fini par nous empêcher de nous épanouir. Une musique qui sonne comme si on avait essayé de la réduire à quelque chose de minimal, une économie de moyens, une économie d’instruments, mais comme dit plus haut pour un résultat maximal, une émotion, une intensité qui traversent absolument tout l’album. Les mélodies sont parfaites, les guitares sèches et douces, même les percussions sont légères et quand James Hoare branche l’électricité, ce n’est certainement pas pour nous assourdir, mais pour donner encore plus de légèreté aux morceaux.
Jona, le premier morceau de l’album, est une sorte de réussite absolue dans le genre. Une ritournelle légère, des festons de guitare électrique ou de clavier, égrenant quelques notes seulement, mais qui font toute la différence, sur une batterie qu’on remarque à peine et une mélodie susurrée entre tristesse, mélancolie et tranquillité, détachement. Le plaisir qu’on éprouve à écouter et réécouter ce morceau n’est presque rien à côté de celui qu’on ressent avec Don’t Cry No Tears, un refrain qui justement arracherait des larmes au tortionnaire le plus endurci qui soit. Après un tel début, Penny Arcade aurait pu se reposer, mais non ! L’album continue son petit bonhomme de chemin sur la même voie, le même rythme de batterie lent, très lent, pour des morceaux qui s’enchaînent comme s’ils se répétaient quasiment à l’identique (sans qu’il n’y ait non plus la moindre lassitude), pop lo-fi et fragile, tout en retenue. La batterie accélère très rarement, pour ne pas dire jamais, elle n’est pas là pour marquer le rythme d’ailleurs ; elle décore ! Comme les claviers, incroyablement légers et délicats (sur Jona ou sur le mystérieux instrumental, justement intitulé, Garage Instrumental). Les guitares électriques qui animent quelque fois l’album (Black Cloud ou le dernier morceau de l’album, One More) ne changent rien à l’atmosphère générale. James Hoare utilise la fée électricité avec intelligence, en la mettant à son service, des solos de guitare qui font ressortir la délicatesse de l’ensemble. On a même quelquefois l’impression d’écouter une démo (When the feeling Is gone, en supposée en être une et on ne s’en rend pas compte!)
Alain Marciano