Les albums de jazz retenus pour le mois d’avril 2024 sont signés LORD$, Shabaka, Sylvain Daniel, The Jazz Defenders, Lucas Arruda, Grégoire Maret & Romain Collin, Oluma, Kolonel Djafaar, Ghost-Note, Meshell Ndegeocello.
LORD$ – Speed It Up
Biberonné à la scène jazz-funk qui sévit actuellement côté US, de Thundercat à Flying Lo’ en passant par DOMi & JD Beck, le quintet de musiciens français LORD$ s’en donne à cœur joie sur Speed it Up et s’inscrit dans cette droite lignée avec aplomb. Du son cool, léger, aussi bien influencé par le prog rock ou la soul teinté de hiphop dans un pot-pourri fourmillant de belles idées. (Tricatel)
Shabaka – Perceive its Beauty, Acknowledge its Grace
Habituellement en troupe avec les jazzbands Sons of Kemet et the Comet is Coming, le saxophoniste Shabaka tente l’aventure en solitaire pour un premier album résolument méditatif. Axé sur les instruments à vent et notamment les flûtes, le voyage se veut spirituel, dans une vibe new age à la mode depuis quelques mois. Jamais vraiment seul finalement, le britannique ouvre les portes à d’autres pointures, venus d’horizons variés: ainsi se rencontrent Floating Points, Andre 3000 (tiens tiens!), le rappeur E L U C I D, le poète Saul Williams ou encore Moses Summey. (Impulse!)
Sylvain Daniel – Slydee
Il y en a pour tous les goûts dans ce nouvel album de Sylvain Daniel Alias SlyDee. 14 titres qui partent dans des tas de directions (jazz, funk, rap, electro, bossa nova…), nous faisant passer d’une décennie à une autre (70s, 80s…) selon les morceaux. Le bassiste, collaborateur de Jeanne Added, Thomas de Pourquery ou Laurent Bardaine, concentre un tas diffluences dans un album d’une densité remarquable, entièrement dédié au groove. on notera quelques clins d’oeil, ici et là, comme dans l’intro de No sex In Verneuil, renvoyant à la chanson Initials BB de qui vous savez. Ebouriffant ! (Kyudo Records)
The Jazz Defenders – Memory In Motion
Passionnés de jazz des années 1950 et du début des années 1960 (hard bop, jazz modal…), The Jazz Defenders, le groupe du pianiste George Cooper, propose Memory In Motion, un nouvel album dans lequel ils ne pourront pas vraiment renier leurs influences. On y trouvera des morceaux aux accents classiques et au swing incomparable, nourris par les notes du piano, Wurlitzer et autre vibraphone du quintet britannique. On y trouvera également des compositions aux influences plus modernes, à l’image du titre Rolling On A High, en compagnie du rappeur Doc Brown, mais aussi du son funk comme sur l’excellent Snakebite Playfight. Un disque qui met la pêche et qui s’écoute sans le moindre effort. (Haggis Records)
Lucas Arruda – Ominira
A une époque, on appelait ça du « smooth jazz », un terme désignant un jazz FM, facile à écouter, aux influences soul, funk, pop. A ce titre, Lucas Arruda entre parfaitement dans cette lignée, avec ses compositions d’un moelleux incomparable. Avec un son garanti 70’s, le musicien brésilien signe son 4e album, après le déjà impeccable Onda Nova paru en 2019. On retrouve ici tout ce que l’on avait aimé dans ses précédents LP, à savoir un mélange parfait entre soul, funk, jazz et musiques sud américaines. Il ne reste plus qu’à mettre le casque sur les oreilles, fermer les yeux et se laisser bercer par le groove délicat des musiques de cet artiste très talentueux. (Favorite Recordings)
Grégoire Maret & Romain Collin – Ennio
L’œuvre d’Ennio Morricone n’en finit pas d’inspirer la jeune génération. Cette fois, c’est au tour du duo Grégoire Maret (harmonica) et Romain Collin (Piano) de revisiter quelques classiques du Maestro dans un album simplement intitulé Ennio. Un bel hommage pour ces deux musiciens qui ont été bercé par les BO de Morricone durant leur enfance. Accompagnés notamment de Cassandra Wilson et de Gregory Porter, nos deux musiciens signent 12 relectures superbes, pleines de nuances et de sensibilité. (ACT Music)
Oluma – Cooking Time
Oluma a beau jouer un excellent jazz, tendance afrobeat, le groupe ne vient pas du Nigéria, mais bien de Berlin en Allemagne. A la base, un trio (basse, saxophone, batterie) auquel est venue s’ajouter une poignée de musiciens (Flute, trompette, guitare, claviers…) pour donner vie à des compostions très cuivrées et très dansantes dans l’ensemble. Un album dont l’enregistrement et le mixage ont été réalisés en analogique. 12 titres au swing parfait, faciles à écouter, avec quelque solos endiablés ici ou là. Bref, ça régale ! (One World records)
Kolonel Djafaar – Getaway
Afro-beat, Ethio-jazz, Kolonel Djafaar c’est tout ca en même temps, et c’est surtout un groupe qui envoie du gros son. Originaire d’Anvers, en Belgique, le collectif s’est fait remarquer avec un premier album paru en 2019, Forgotten Kingdom. Il poursuit ici son exploration de la musique jazz métissée, psychédélique et aventureuse avec ce second album encore sacrément cuivré. Dans un style qui rappellera notamment celui du Budos Band, le groupe délivre un album bien pêchu, dans lequel saxophones et trompettes pétaradent pour notre plus grand plaisir. (Batov Records)
Ghost-Note – Mustard n’Onions
Moutarde, oignons, et surtout une bonne dose de funk au menu de cet album signé Ghost-Note. Ce collectif de musiciens américains basé à Dallas, continue de déverser son funk hautement addictif dans un nouvel album enregistré en compagnie de Sly5thAve, Marcus Miller, MonoNeon, Casey Benjamin… Ce groupe composé par des anciens membres de Snarky Puppy (Robert Sput Searight et Nate Werth), propose des musiques colorées et chaleureuses, dans lesquelles on trouvera également des influences hip-hop ou afro. Bref, que des bonnes vibrations au programme de cet album assez étourdissant. (Mack Avenue Records & Artistry Music / Integral)
Meshell Ndegeocello – Red Hot & Ra – The Magic City
Après le superbe The Omnichord Real Book, Meshell Ndegeocello signe un hommage à Sun Ra pour le 3e volet d’une série consacrée à ce géant du free jazz, décédé en 1993. En compagne notamment de Marshall Allen, Hector Castillo, Pink Siifu, Immanuel Wilkins ou Stuart Bogie, l’artiste américaine a imaginé des compositions dans le style de Sun Ra, perpétuant ainsi l’esprit de la musique cosmique de l’auteur de Lanquidity. 9 titres pour 49 minutes de jazz expérimental. (Red Hot Organization)