En 10 épisodes passionnants, Philippe Collin nous raconte dans Louis-Ferdinand Céline, le voyage sans retour, la vie tumultueuse de l’écrivain le plus controversé de la littérature française du XXe siècle.
À force, on va finir par ne plus savoir quoi dire au sujet de la qualité des podcasts imaginés par Philippe Collin pour France Inter. Après nous avoir conté la vie de quelques figures de l’histoire de France et d’ailleurs (Jeanne du Barry, Léon Blum, Pétain, Simone de Beauvoir, Napoléon, Cléopâtre…), le journaliste et écrivain s’empare cette fois de la figure la plus controversée de la littérature française du XXe siècle : Louis Ferdinand Céline.
En 10 épisodes, notre « Alain Decaux 3.0 » remonte le temps jusqu’au début du XXe siècle pour nous raconter la vie de Louis Ferdinand Destouches, auteur des classiques Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit (un récit faussement autobiographique, comme on l’apprendra dans le podcast), mais aussi de pamphlets antisémites comme Bagatelles pour un massacre, et dont l’œuvre a connu un nouvel épisode en 2022 au moment où est publié Guerre, un manuscrit issu des 6000 feuillets inédits rendus publiques en 2021.
[Podcast] Les manuscrits retrouvés de Louis-Ferdinand Céline
En partant de cette découverte, Philippe Collin va parcourir la vie et l’œuvre de cet homme, antisémite, raciste et soutien des nazis, qui, comme on l’apprendra au cours d’un épisode, a contribué ouvertement à faire de la propagande nazie avec un pamphlet comme Les Beaux Draps, dans lequel il écrivit les pires horreurs.
Avant cela, on se souviendra que Céline a participé à la Première Guerre Mondiale, et qu’après avoir été démobilisé, il a rejoint l’Angleterre, pour revenir ensuite en France. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, comme bon nombre de collabos hauts placés, il s’exilera à Sigmaringen, pour rejoindre ensuite Copenhague, évitant ainsi d’être fusillé comme « traître à la nation ». Bénéficiant d’une amnistie douteuse, comme le précise l’historienne Anne Simonin, Céline revient en France en 1951, où il finira sa vie, se posant systématiquement en victime et minimisant son influence pro-nazie.
Durant ces 10 épisodes, on est affligé par la bassesse et la violence idéologique de cet homme à la personnalité complexe, qui reste pourtant à ce jour considéré comme un des plus grands écrivains du XXe siècle.
Il fallait donc le savoir-faire de Philippe Collin et de son équipe pour apporter un éclairage le plus large possible sur ce représentent aujourd’hui le nom et l’œuvre de Louis Ferdinand Céline.
Nourri d’archives sonores et de témoignages éclairants d’historiens (Odile Roynette, Pascal Ory, Laurent Joly…), Louis-Ferdinand Céline, le voyage sans retour est une série absolument passionnante qui permettra à tout un chacun d’en apprendre un peu plus sur ce personnage ignominieux qu’était Céline.
Benoit RICHARD
L’oeuvre étant bien supérieure à l’homme de toute évidence mais en ce cas les pamphlets antisémites font salement tâche et c’est un euphémisme. Sans compter que des historiens lui attribuent au moins sept dénonciations de communistes et de juifs. Et puis se casser à Sigmaringen avec Pétain et Laval et les ultra de la collaboration en 1944, c’est un bel aveu d’infamie…Sa prétendue amnistie après 1945 est un leurre. Néanmoins Mort à Crédit est grandiose de nihilisme sinistre. Rien n’y trouve grâce : la beauté est éphémère. Tout y voué à la décomposition, au sarcasme et à la mort. C’est impressionnant de puissance et de style bien évidemment. Un cas de conscience pour les lecteurs. A lire avec des pincettes en connaissance de cause certes, mais à lire quand même…