A Certain Ratio – It All Comes Down To This : une autre brique dans le mur

Un groupe peut-il exister depuis 1977 et surprendre en 2024 ? Oui et A Certain Ratio en est la preuve vivante. It All Comes Down To This, leur 33e album, condense rock-indie et cold-funk avec succès.

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© Paul Husband

‘We never wanted to become a Factory tribute band’ confiait récemment le groupe au journal The Guardian, perçu comme un message à l’ex-bassiste de New Order, Peter Hook. On les croit sur parole à l’écoute du nouvel album It All Comes Down To This, enregistré par le noyau dur multi-instrumentistes de A Certain Ratio. Une première pour Jez Kerr, Martin Moscrop and Donald Johnson qui ont fait appel à Dan Carey pour la production. Le gars a déjà œuvré pour Fontaine Dc, Wet Leg ou Kae Tempest.

A Certain Ratio - It All Comes Down to ThisCe choix pouvait surprendre mais à l’écoute des dix titres, on l’est moins. Si la formation avait débuté à Manchester au côté de Joy Division ou de Section 25, pensionnaires de Factory Records, elle tirait son originalité en jouant un funk froid, aride et mélancolique tout en évoluant vers des sons madchester, électro ou dance. Sans jamais effacer leurs empreintes. Avec It All Comes Down To This, la production de D.Carey, exempte d’effets sirupeux, ravive les couleurs funk et indie-rock.

En prémisse à cet album, le single éponyme penche plutôt vers Blur ou Wire. Les guitares tourbillonnent, les bips électroniques s’émancipent sur un groove métronomique et Jezz Kerr chante dans un registre désenchanté, voir psyché. Douceur pop avec God Knows, les sons aquatiques flirtent avec les 80’s et les guitares n’abdiquent pas. Renversant, les couplets sont en état de grâce. Tout comme Dorothy Says, un écrin d’indie pop forgé d’une nostalgie bienveillante.

L’ombre de Ian Curtis plane sur Bitten By a Lizard, une ambiance dark, partagée avec un synthétiseur plombé et une guitare funky cold, parfait comme bande originale pour une balade au canal Rochdale battu par la pluie. À Manchester, donc. Keep It Real commence par un riff estampillé Small Faces avant de virer INXS. Les percussions signées D.Johnson et les voix suaves sauvent le titre. Surfer Ticket suit et nous entraine à l’aube dans le Northern Quarter. Aux sons de trip-hop inquiétants et de synthés à la Devo, un flow pop vous met en garde.

Du funk plein le nez, We All Need n’en manque pas. Des rythmiques efficaces, une basse qui serpente, et voilà qu’ACR qui nous livre l’étendue de son talent. Entre voix off vs chants en chœurs, les guitares de M.Moscrop et les violons fantomatiques emballent le refrain, dans  des vapeurs de synthés cratch. Out From Under commence comme un titre des Comateens. Guitare tranchante pour un titre enjoué, version ACR historique, saupoudré d’électronique. Doté d’une riff redoutable, Where You Coming From se joue de la voix borderline pour un tour d’indie groove à la Big Audio Dynamite. Une basse slappée introduit Estate Kings qui réquisitionne wha-wha, trompettes, et vocal narratif pour une jam session aux intonations funk et jazz.

A Certain Ratio vient du nord de l’Angleterre et même s’il garde un œil sur le monde, It All Comes Down To This respire la brique humide.

Mathieu Marmillot

A Certain Ratio – It All Comes Down To This
Label : Mute records / PIAS
Date de sortie: 19 avril 2024