Espérons que Prodome soit une consécration publique pour Benjamin Porraz ! Entre funk-psychédélique, électro-pop, et pop tout court, il signe sous le nom de KLEIN un album parfaitement délicieux, cinématique, plein de rêves et d’images.
Benjamin Porraz sort son second album sous le pseudo de KLEIN ! Vous ne connaissez pas Benjamin Porraz ? C’est pourtant l’un des musiciens qui accompagne Clara Lucciani (et depuis ses débuts !). Il a aussi travaillé, pour la composition, la production ou le mixage, sur des albums de Moodoïd, Julia Jean Baptiste, Part Time Friends, par exemple. Il a même 2 albums avec son propre groupe, Agua Roja. Une longue carte de visite, une belle expérience. Et un excellent album qui vient d’arriver donc, Prodrome ! Le genre d’album qui peut vous faire hésiter à la première écoute, un mélange de genre déroutant, une sorte de naïveté pop qui verse dans l’easy-listening, des dissonances… Et puis, si vous avez cette chance, Prodrome va vous réjouir assez rapidement, et vous aurez envie de le réécouter pour passer de chics moments avec de la belle musique dans les oreilles. La naïveté ? De la fraîcheur ! Le mélange, une diversité et une richesse qui interpelle à chaque morceau ! Les dissonances, des accidents qui font dérailler les morceaux à bon escient. Et le côté easy devient assez vite quelque chose de cool et de décontracté. Sans compter que la relative complexité des compositions vous fait oublier, même s’il reste, au final un sentiment de simplicité et de facilité qui permet d’écouter et de réécouter l’album en boucle sans se fatiguer. Prodrome est un album qui peut durer, la bande son qui va vous accompagner souvent dans des moments différents de vos journées.
On trouve de tout sur cet album ! Le premier morceau, Prodrome, est carrément génial, un début tout en douceur, quelques percussions, la basse et un synthé années 80, coupé par un intermède toujours au synthé, mais qui nous renvoie 15 ou 20 ans avant qui précède une montée en puissance psychédélique qui fait exploser le morceau! Redescente sur terre avec Eros Nero, un générique de feuilleton des années 70 ou 80, dans des couleurs pastel, avec une mélodie à l’orgue farfisa-bontempi bancale à souhait, délicieuse et ravissante, qui berce nos oreilles et qui nous accompagne sur la plage, fin d’été, fin de vacances, tristesse d’une séparation… Il y a quand même une basse bien ronde qui swingue un peu et rappelle les souvenirs des semaines précédentes. Cette basse est un peu une constante de l’album. On la retrouve sur Navigli, même modèle, belle basse donc à l’ouverture sur fond d’orgue, un côté funk spatial, quelques percussions un peu tropicales pour agrémenter le tout, on est sur une île merveilleuse. Il fait beau, on boit des cocktails sucrés dans une noix de coco fraîche. Avant que n’arrive une guitare électrique pour secouer un peu le tout.
On pourrait égrener les morceaux, les passer en revues les uns après les autres, on trouverait les mêmes mélodies qui sont difficiles à oublier (d’autant que, par chance, il n’y a pas de paroles et qu’on peut se faire son propre cinéma). On trouverait les mêmes sons cristallins, sucrés, un peu trop sucrés, qui dégagent un parfum de soleil (même si Benjamin Porraz dit que cet album est moins solaire que le précédent). Il y a deux morceaux qui sont plus lents que les autres (Rue du Nord et Vent) et qui, effectivement, sont un peu mélancoliques, portés par une basse toujours aussi arrondie, par quelques arrangements à la guitare comme des festons, des guirlandes. Ou alors le dernier morceau, la clôture, Door Nico Rust, un morceau suspendu, une intro tout en arpèges qui dure plus de la moitié du morceau, on attend, on attend, mais tout est là, et c’est beau. On pourrait aussi parler de Wheel City, presque rock, ou de Le Signal, un des meilleurs moments de l’album, 1’18 seulement, mais un vrai bijou !
Alain Marciano