Jérémie Sein nous raconte, sur le ton de la comédie, les petits tracas des athlètes au sein du village Olympique. Un premier film singulier, bien loin des comédies Made In France auxquelles on a droit toute l’année.
Projetons-nous quelque semaines dans le futur. Les Jeux Olympiques ont démarré, les sportifs français ont commencé à concourir dans leur discipline. Et certains même sont déjà persuadés qu’ils vont gagner la médaille d’or, à l’image de Paul, gendarme dans la vie civile, surnommé « le shérif », mais aussi Champion du Monde de tir. La pression est sur ses épaules, car après 10 jours de compétition, aucun athlète français n’est parvenu à décrocher un titre olympique. Tous les espoirs reposent donc sur lui. Mais pour gagner, Paul a besoin de calme et de sérénité. Et ce n’est pas son colocataire (Rivaldo Pawawi) qui va l’y aider : un nageur d’un petit pays d’Afrique qui, en guise de préparation, préfère rester dans son lit à collectionner les conquêtes… au grand désarroi de Paul qui, pourtant, est un sacré tireur d’élite, mais qui n’a toujours pas perdu sa virginité.
Comédie décalée et quelque peu foutraque, l’Esprit Coubertin et le premier long métrage de Jérémie Sein, auteur en 2020 de la petit série Parlement Sur France Télévision, qui dénotait déjà par son humour absurde dans sa manière de dépeindre le fonctionnement du Parlement Européen.
Cette fois, il s’attaque au monde du sport pour raconter la vie d’un athlète à l’intérieur du groupe France. Pressions, difficultés relationnelles, problèmes d’organisation, plans drague, amourettes d’un soir, récupération politique, etc., le réalisateur évoque tous ces thèmes avec beaucoup de légèreté et d’absurdité. Des situations auxquelles sont parfois confrontés les sportifs durant les rassemblements olympiques, mais dont on parle rarement dans les médias et la presse. Des éléments pourtant à prendre en compte dans la réussite des athlètes.
Influencé notamment par le film Ricky Bobby : Roi du circuit d’Adam McKay avec Will Ferrell, Jérémie Sein dessine dans son film une galerie de personnages assez drôles, à l’image notamment de la super intendante de l’équipe de France, incarnée par Laura Felpin, ou encore de la coach de Paul (incarnée magnifiquement par Emmanuelle Bercot), qui a traumatisé son poulain quand il était plus jeune à cause d’un chewing-gum. Quant à Benjamin Voisin, il se révèle parfait dans ce rôle de bête à concours rigide et immature.
Si cette comédie – qui rappelle assez celles de Benoit Forgeard (Gaz de France, Yves…) – n’est pas à hurler de rire, globalement, on passe un agréable moment à regarder se débattre les personnages, dans une farce potache à laquelle il manque peut-être un peu de rythme et de mordant par moments. Une style de comédie qui ne plaira pas forcément à tout le monde, et que l’on pourra trouver « un peu mou du genou ». Mais quoi qu’il en soit, on saluera le ton singulier de ce film qui dénote dans l’univers de la comédie française si souvent formatée.
Benoit RICHARD