Regular Girl, le folk corps incarné

Il semble qu’un un véritable engouement se soit emparé de notre temps pour l’art naturaliste, pour toute chose qui nous éloigne des villes tentaculaires. Regular Girl incarne la discrétion d’une artiste censée atteindre une pureté ascétique. Son album éponyme contient justement toute la beauté d’un monde qui aspire au silence. Ici, nous sont dévoilés les liens où l’ombre et la lumière se rejoignent.

REGULAR GIRL

Le portrait de Regular Girl, est comme un rêve dont l’étrangeté esthétique, synchronisée à son décor, renforce cette expression qui se suffit à elle même, la possibilité de suggérer l’inconnaissable. Sa musique correspond à une quête perpétuelle, censée assouvir un profond besoin de questionner l’âme et de sonder les cœurs, de voir le monde sous un autre angle. Il appartient à chacun de vivre cette expérience.

Regular Girl-lDe cette mélancolie, le chant est déclamé comme une sorte de récit, Third Wheel, en l’occurrence, sous ses faux airs de musique West Coast, induit toute la véracité d’une musique dépouillée d’artifices. Et puis, voilà que surgit Breakthrough, cochant toutes les cases de la splendeur et du désespoir. Le genre de ballade dont on ne peut plus se passer, Nick Drake ou Judee Sill condensés dans un seul et même titre. Les cordes magnifient déjà le timbre vocal et la guitare caractéristique de Regular Girl. Et ce n’est que le début de cette odyssée, de cette traversée nocturne. Avec Darkness to come, nous assistons à un coucher de soleil pareil à une aube, mais nous devons éviter de nous méprendre sur son sens.

Accompagnée de Raoul Vignal, Théo Charaf, chaque titre est un pointillé qu’il faut relier avec le précédent, un exercice géométrique associant les mots avec les intentions secrètes de l’artiste. Simuler un registre d’images, stimuler l’imaginaire. Shelter se démarque momentanément par son intensité musicale et par ses textes (I need a shelter to find my way home ), dans un assemblage de guitares vibrantes, émotionnelles, corrélées à la pochette. Cette tension exerce un pouvoir d’attraction qui se prolonge sur Western Light, sorte de paroxysme sonore, on perçoit au sommet d’une montagne, des reflets ocres, virant au rouge. De nos ruptures, que sont devenus ceux ou celles que nous avions aimés ?  Sans doute, ont ils été quelqu’un pour lesquels on aurait tout quitter sans jamais se retrouver. Nous nous sommes jamais quittés, juste oubliés en route. Foolish Wish est relié avec The End par ce même épilogue, solennel, ainsi s’achève cet album qui s’écoute avec délectation.

Une mélancolie nécessaire pour se retrouver soi-même.

Franck Irle

Regular Girl – Regular Girl
Label : nitebirds
Date de sortie digitale : 26 Avril 2024
Sortie physique de l’album : 25 Mai 2024