A Cannes, ce lundi 20 mai 2024, il y avait, entre autres, les nouveaux films de Kevin Costner, Coralie Fargeat, Ali Abassi et Alain Guiraudie. Notre Sergent nous en dit quelques mots à chaud…
Horizon – Une saga américaine : Chapitre 1, de Kevin Costner
Soit une saga de 4 épisodes de 3 heures chacun pour couvrir 15 ans de la conquête de l’Ouest. En somme, une série que Kevin Costner veut destiner au grand écran. Ce premier volet place donc les lieux et de multiples personnages dans une exposition laborieuse qui, en dépit d’une séquence d’attaque d’indiens assez maitrisée, ne tiendra pas sur la longueur. Après la blague de Quentin Dupieux dans Le Deuxième Acte sur l’idée d’un film écrit par une intelligence artificielle, on a le sentiment d’en voir un exemple concret. La commande faite à l’IA est élémentaire : écrire une saga de 12h combinant tous les personnages, les lieux et les accessoires du Western, en prenant soin d’inclure des méchants et des gentils chez les blancs comme les indiens, et de créer des personnages féminins forts. Tout est lisse, les dialogues sont didactiques et les caractérisations convenues. Ce sera sans moi pour les 9 heures restantes. (Hors Compétition) – Sortie le 3 juillet pour le Chapitre 1, et le 11 septembre pour le Chapitre 2
The Substance, de Coralie Fargeat
The Substance fait suite à Revenge, premier film de Coralie Fargeat sorti en 2018. La consultation des réseaux sociaux à l’aube montre des retours extatiques et le salue comme un coup de point historique. Le film est en effet une série B totalement décomplexée avec geysers d’hémoglobine, mutilations et body horror en constante gradation, pour un conte qui revisite Le Portrait de Dorian Gray et convoque les maîtres Carpenter, Cronenberg ou encore De Palma. C’est parfaitement stupide, mais souvent très drôle. Une nouvelle occasion de traumatiser les spectateurs invités par leur Comité d’Entreprise et n’ayant aucune idée de ce qu’ils vont subir. Les pompiers interviennent pendant la projection, gâchant une partie de la première séquence maitresse (soit un accouchement par la colonne vertébrale, assez graphique et réussi, il faut bien le reconnaître) pour évacuer une personne en plein malaise. A la fin du film, j’entends une femme remercier son voisin d’avoir ri à gorge déployée, ce qui lui a permis de tenir et de garder du recul face à cet étalage de viscères qui pourrait rendre vegan un habitant du Texas. (En compétition pour la Palme d’or)
The Apprentice d’Ali Abassi
après Les Nuits de Mashhad présenté en Compétition en 2022, le cinéaste d’origine iranienne s’intéresse à l’histoire américaine et aux années de formation de Donald Trump. The Apprentice est un biopic de facture assez classique, qui chercher à sonder les racines du mal par la formation de Trump grâce à un mentor redoutable. Abassi lorgne du côté de Scorsese pour raconter l’ascension d’un salopard, mais reste très sage en termes de mise en scène. L’incarnation de Sebastian Stan est à saluer, mais le film reste assez anecdotique, et peu calibré pour la Compétition. (En compétition pour la Palme d’or)
Miséricorde, d’Alain Guiraudie
Alain Guiraudie nous a habitué à des films étonnants et souvent hédonistes, d’une puissante ruralité et en osmose avec la nature : c’est un menu que l’on retrouve dans Miséricorde, qui commence comme un thriller, pour progressivement dériver vers une singulière comédie où le désir circule entre tous les protagonistes pour revivifier un contexte mortifère. Formidable réception de la salle Debussy, amusée et captivée par ce conte amoral tout à fait excitant. (Cannes Première)
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