Après la conquête de la Lune et l’avènement d’un monde meilleur, place avec L’Affaire Tournesol à un album plus sombre, celui de l’entrée dans la Guerre froide et de la course aux armements, des enlèvements et des règlements de comptes. Et, à ces jeux-là, les deux camps semblent se valoir !
1954 : si Hergé souffre d’une dépression chronique, les ventes d’albums progressent, Le Journal de Tintin plaît et les studios Hergé, qui viennent d’intégrer Jacques Martin et Roger Leloup, s’installent dans des bureaux plus grands, avenue Louise.
1954 : la guerre est terminée depuis 9 ans et l’Europe vit désormais coupée en deux blocs rivaux. Hergé tient le thème de son 18e album, qu’il commence à publier dans son journal. Ce sera la Guerre froide et la course aux armements. Mais Hergé, toujours aussi prudent (on se souvient qu’il s’était bien gardé d’évoquer la Seconde Guerre mondiale), traitera le sujet à distance, par le biais de ses vieux amis syldaves et bordures.
Le professeur Tournesol travaille sur les effets des ultrasons. Ses recherches suscitent l’intérêt des services secrets bordures. Tournesol est à nouveau enlevé, Tintin et le capitaine se lancent à sa rescousse. Milou et les Dupondt voient leur temps de parole réduit, au profit d’un capitaine éblouissant et d’un petit nouveau, l’insupportable Séraphin Lampion, le courtier en assurances.
Curieusement, cet album n’a jamais suscité mon intérêt. Je l’ai lu, jadis, mais sans passion. Je ne voyais dans cette histoire que la tentative de revanche des services secrets bordures – tel un match retour – après leur piteux échec du Sceptre d’Ottokar. Or je lui préférais le premier. Sans doute que l’enfant que j’étais, regrettait le cynisme des Syldaves qui, objectivement, employaient les mêmes méthodes que leurs adversaires. Hergé a mûri, il travaille le réalisme de ses histoires, il abandonne le manichéisme de ses premiers albums.
Or, je dois avouer aujourd’hui que Hergé livre avec L’Affaire Tournesol un magnifique ouvrage. Le rythme est parfait, le scénario ne souffre ni temps mort, ni case inutile. Enchainant les prouesses graphiques, les surprises et les gags, il alterne avec brio péripéties et intermèdes comiques. Il ne se contente pas de placer des gags ponctuels, mais il réussit à les filer sur plusieurs pages, tout en les insérant dans son scénario, du grand art. Admirez les gags de la série de bris de verres, des appels à la boucherie Sanzot, du parapluie perdu et reperdu ou, mieux encore, du sparadrap épris de liberté : sagement posé sur le nez du capitaine, le fameux bout de sparadrap apparaît en page 28, pour ne prendre son indépendance qu’en page 45 dans le bus, réapparaitre dans l’avion de ligne, y multiplier les victimes, puis semer le trouble dans la police politique, avant de retrouver le doigt du capitaine en page 49 !
Entretemps, Hergé nous a proposé une poursuite, plus effrénée encore que celle du Sceptre d’Ottokar, sur pas moins de 14 pages (de 29 à 42). Elle débute par l’enlèvement nocturne, la lutte entre bateau et hélicoptère au lever du jour, puis l’apparition de la Lancia Aurelia d’Arturo Cartoffoli, un fou du volant latin, qui nous vaut la fascinante case de la destruction du marché aux innombrables détails (page 38), enfin le décollage d’un avion, raté de peu par Tintin. Il nous reste à faire connaissance avec le colonel Sponsz, le prototype des tueurs galonnés qui prospèrent dans les régimes autoritaires, à apprécier le courage de la Castafiore, et à fuir la Bordurie pour retrouver la paix du havre de Moulinsart.
Chapeau l’artiste !
Stéphane de Boysson
Je vends un buste Tintin en céramique le lotus bleu
Bonjour j ai une douzaine d albums de Tintin de 1956 à 1958 si quelqu’un un intéressé n hesitez pas , ils sont assez rare
Bonjour , Casula je serai intéressé comment faire pour vous joindre ??? Bonne soirée