Plus que deux jours avant la fin du Festival de Cannes 2024, et le verdict du jury. En attendant, on débriefe quatre nouveau films signés Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, Karim Aïnouz, Gilles Lellouche et Gaël Morel.
Le Conte de Monte-Cristo, d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte
Le Conte de Monte-Cristo a la délicate mission de poursuivre l’exploitation du catalogue de Dumas pour en faire des blockbusters à la française, après la tentative du diptyque des Trois Mousquetaires dont le bilan fut assez contrasté, et clairement pas à la hauteur en termes de recettes. Resserré sur un seul volet de 3 heures, le film s’en tire avec les honneurs. On pourra certes regretter un usage sur-abusif de la musique et quelques scories narratives dans les ellipses ou les effets de manche, mais la réalisation est rigoureuse, la photo soignée et les personnages assez solides. Pour ceux qui découvriraient la géniale intrigue d’Alexandre Dumas avec cet opus, le plaisir devrait être au rendez-vous. Cannes première – (Sortie le 28 juin)
Motel Destino, de Karim Aïnouz
Karim Aïnouz, déjà présent l’année dernière en Compétition avec l’assez oubliable Jeu de la Reine. On retrouve là l’exemple du film dont on questionne très sérieusement la présence au Festival, en se demandant si le réalisateur a envoyé des colis avec nœuds coulants à Thierry Frémaux, ou si celui-ci dormait au moment de sa projection test.
La critique snob française nous expliquera sans doute un truc dans le genre : dans la moiteur du Brésil, un trio amoureux poisseux revisite les invariants du film noir en y injectant des aplats de couleurs, et les élans d’une sensualité abrasive tapissent les cloisons de ce huis-clos de sueur, de haine et d’élans autodestructeurs de liberté. En réalité, c’est une série B mal jouée, inintéressante au possible, multipliant les cache-misère (dont un avertissement dédié aux personnes photosensibles en début de projection, alors qu’on aura droit à un néon qui clignote et deux trois flash d’un cobra mort au fond d’une baignoire), nous imposant le corridor d’un motel avec hurlements de coït non stop venus des chambres, pendant que ceux qui font le ménage jouent tous les quarts d’heure à touche pipi, ou regardent des ânes s’accoupler. Misère. (En compétition pour la Palme d’or)
L’Amour Ouf, de Gilles Lellouche
Après avoir présenté Hors Compétition Le Grand Bain avant son beau succès dans les salles, le réalisateur bénéficie des honneurs de la Compétition avec ce film ambitieux qui mêle romantisme exacerbé et ultra violence sur 2h45. Il serait vraiment injuste de reprocher à Lellouche d’avoir à ce point voulu tout mettre dans ce projet, généreux et dingue, dans lequel il ne s’est fixé clairement aucune limite. Convoquant les genres les plus prestigieux et de nombreux modèles américains, le cinéaste fait feu de tout bois et livre une première partie presque parfaite, que ce soit dans la mise en scène d’un braquage ou les émois amoureux d’adolescents. La seconde est plus compliquée, et se prend souvent les pieds dans le tapis. Mais, un peu dans le même esprit que pour Megalopolis, on ne peut que se réjouir de voir ce genre de proposition hors-norme arriver sur nos écrans. (En compétition pour la Palme d’or) – Sortie le 16 octobre.
Vivre, mourir, renaître, de Gaël Morel
Le film, qui reprend pas mal d’éléments déjà abordés dans Le Roman de Jim des frères Larrieu sur la paternité d’adoption et les reconstructions fluctuantes de la cellule familiale, est, lui, situé dans les années SIDA. Un film de facture assez classique, dont l’interprétation n’est pas toujours optimale, mais qui parvient à émouvoir et travailler la complexité des personnages confrontés à une mort omniprésente alors que la vie ne demande qu’à se déployer. À noter qu’après le clip de Frances Ha et la performance de Zao de Sagazan en ouverture, la sublime réappropriation de Carax et la jolie variation en duo proposée dans ce film, c’était vraiment l’année du Modern Love de Bowie à Cannes. (Cannes première) – Sortie le 25 septembre 2024
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