Avec son second concert parisien de 2024, Eric Clapton a séduit sans trop tirer sur la corde nostalgique, quitte à frustrer certains fans.
Comme celui de la veille au même endroit, ce second concert de Clapton à l’Accor Arena, succédant à une longue absence des scènes hexagonales du génial guitariste anglais, s’ouvrait avec Rover en première partie. Un musicien français chantant dans la langue de Shakespeare et ayant signé entre autres la BO du film Tonnerre. Selon Brac, c’est d’ailleurs le destin et la musique de Rover qui ont inspiré le film. Très ému d’être là, Rover se produit au chant et à la guitare, seulement accompagné d’un batteur. Joli moment d’artisanat rock fait de guitare ligne claire et de l’ombre du versant planant des Beatles.
Puis ce fut l’arrivée du Dieu de la six cordes. Avec une Fender Stratocaster aux couleurs du drapeau palestinien. Symbole éloquent. Et du coup Clapton aurait pu éviter, pendant le morceau Prayer for a child, la diffusion sur les écrans de l’Arena du clip de cette chanson. Un clip avec images de Gaza en ruines à l’esthétique de publicité caritative des années 1980. Mais au moins Clapton aura-t-il épargné au public parisien un long speech géopolitique à la Bono. Le premier quintet électrique de chansons résume bien l’esprit anti-fan service du concert. Du standard… de Willie Dixon et non de Clapton (I’m Your Hoochie Coochie Man). Du Cream… mais Badge et ses superbes arpèges plutôt que Sunshine of your love.
Puis ce fut l’intermède acoustique. Soit Clapton troquant sa guitare électrique pour une acoustique et le bassiste s’emparant d’une contrebasse. Avec le premier vrai fan service du concert : un Tears in Heaven à la touchante interprétation vocale portée par le souvenir de la mort du fils de 4 ans de Clapton. Morceau composé pour la BO de Rush, film méritant la redécouverte. Avec Jason Patric et Jennifer Jason Leigh prêts à sombrer dans l’addiction pour tenter de coincer en pleine décennie 1970 une figure diabolique campée par… Greg Allman des Allman Brothers. Retour à l’électricité avec du Derek and the Dominos. Layla ? Non, un Got to Get Better in a Little While où Clapton convoque wah wah et sonorités funky. Puis une série principalement bluesy (entre autres Cross Road Blues et Little Queen of Spades de Robert Johnson).
Avant le plat de résistance Cocaine, le morceau attendu de tous. Une fosse constituée exclusivement de places assises se lève alors pour tenter de se rapprocher de la scène. Un moment rappelant que Clapton a sublimé l’orignal de J.J. Cale en prenant le contrepied de son minimalisme. Avec le dirty cocaine des chœurs klaxonnant le propos antidrogue de la chanson. Un rajout présent depuis que Clapton, qui avait arrêté de la jouer live à la suite de sa désintoxication, a décidé de la remettre au menu de ses concerts. Et après ce sommet du concert Clapton revient en rappel avec une reprise de Bo Diddley (Before you accuse me). Rideau.
Pour un concert pas dénué de petites scories : tel solo de batterie, telle ligne de basse un peu trop jazz rock donnant l’impression d’être téléporté dans les années 1980. Mais rappelant que Clapton caresse les cordes de ses guitares avec une élégance folle (Slowhand comme on dit). Et qu’il incarne quelque chose de rare : un charisme qui ne passerait pas par une mise en avant de l’égo. Décevant faute de certains tubes ? Plutôt déceptif. Et tourné vers l’hommage à ses idoles bluesy plutôt que vers sa propre nostalgie.
Texte : Ordell Robbie
Photos : Jérôme Simon
Mon pauvre ami, on voit bien que vous ne connaissez pas vraiment le R&R de Mr Clapton, et que vous répliquez des infos en vrac que vous n’avez jamais ressenties ! :-)
je fais partie de ceux qui pensent qu’il fallait voir E.Clapton à l’époque de « Nothing but the blues ».
Les étoiles aussi brillantes soient elles n’ont qu’une vie limitée .
J’ai eu la chance de le voir avec mark knopfler l’accompanient a la guitare
C’est la qu’il est meilleur