Dans la lignée des belles séries féminines de ces dernières années, La dernière chose qu’il m’a dite déçoit par sa fadeur et son manque d’énergie, mais se rattrape grâce à un superbe final mélodramatique.
Il y a des moments difficiles dans la vie d’un passionné de séries, ceux où il ou elle ne sait pas quoi regarder : les nouvelles sorties excitantes sont pour la semaine prochaine, les épisodes de celles que l’on suit déjà ne sortent plus désormais qu’au compte gouttes (ah! comme on aimait le binge watching systématique qu’on nous refuse si souvent maintenant…). Il est alors temps de se replonger dans le « back catalogue » des plateformes et de prendre des risques en tentant des programmes ignorés ou méprisés à l’époque de leur sortie. Cette fois, ce sera donc La dernière chose qu’il m’a dite, petite série policière à priori assez convenue sur un sujet très « cobenien » : Hannah, très amoureuse de son mari et très heureuse dans la vie, est obligé de réaliser que toute son existence est un mensonge le jour où ce dernier, impliqué dans un scandale financier, se volatilise…
Les 7 épisodes de La dernière chose qu’il m’a dite vont – de manière des plus prévisibles – nous raconter l’enquête d’Hannah, une enquête dangereuse et surveillée de près par la police fédérale, et qui va l’amener à découvrir une vérité très sombre menaçant sa propre existence. Mais l’intérêt de l’histoire, c’est qu’Hannah va devoir s’allier avec sa belle-fille Bailey, qui la déteste cordialement…
Ne mentons pas, notre principale raison de regarder La dernière chose qu’il m’a dite s’appelle Jennifer Garner, pour toujours l’une de nos actrices favorites depuis Alias (même s’il nous faut bien reconnaître qu’elle n’a pas fait de merveilles sur le grand écran !). Et quand la perversité du directeur de casting nous offre une scène (1 !) Où Jennifer joue face à Victor Garber, qui interprétait son père dans Alias, comment ne pas en tirer un peu de plaisir ?
Parce que sinon, la série de Laura Dave (l’écrivaine qui adapte ici son propre best-seller) et Josh Singer (qui a un beau palmarès de producteur : Spotlight, Pentagon Papers, First Man, Maestro…) nous donne trop peu d’occasions de nous réjouir, avec son rythme languissant et ses acteurs qui ont tendance à réciter des dialogues plan-plan sans trop se forcer. Même Angourie Rice, qui nous avait épatés dans Mare of Easton, n’arrive pas à émerger d’une sorte de banalité ambiante, et il ne nous reste guère que la « sensibilité féminine » de la série – ce qui fait toujours beaucoup de bien par rapport aux thrillers à la testostérone qui continue à foisonner comme si on était encore au siècle dernier – pour nous empêcher de quitter le navire en route.
On s’apprêtait donc à pointer l’erreur consistant à laisser un auteur adapter son propre livre à l’écran (puisqu’il sera toujours réticent à tailler dans le gras d’un scénario trop indolent), voire même à descendre La dernière chose qu’il m’a dite en flammes… quand, sur la fin, quelque chose advient qui ne laisse pas de nous étonner : la partie policière résolue, évacuée, le scénario bifurque alors vers le pur mélodrame, avec une conviction qui lui faisait défaut jusque là. L’apparition de l’excellent David Morse au casting y contribue peut-être, mais reconnaissons que le dernier épisode, de plus d’une heure, est très beau, et que la série se referme sur une scène à l’efficacité lacrymogène confirmée.
Bref, on n’aura pas complètement perdu son temps devant une série qui, quand même, aurait fait un film de deux heures et quelques beaucoup plus convaincant…
Eric Debarnot