Fort d’un succès d’estime qui s’étend désormais bien au-delà de nos frontières, L’Impératrice rajoute une dose de fun et hausse le rythme de sa disco-French Touch pour un troisième album solaire et abouti.
Coachella par deux fois, des dates sold out aux quatre coins du monde pour la nouvelle tournée. En l’espace de deux albums seulement, L’Impératrice est devenu l’un des produits d’exportation made in France les plus prisés à l’international. Et le groupe parisien n’a clairement pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin, redoublant d’ambition pour la conception de Pulsar, le dernier né.
Le band a décidé de sortir de son côté élève modèle, où tout est parfaitement produit et calibré mais dans les cases, pour faire dans le fun. Et en poussant le curseur de leurs influences au maximum, à l’américaine. Un parti pris payant puisque là où Tako Tsubo pouvait parfois verser dans le stéréotype voire la redite, ce nouveau disque voit le champ des possibles s’élargir et offre un terrain de jeu différent. En allant chercher du côté de l’italo-disco et des langues latines avec Me Da Igual et Danza Marilù, il se dégage un côté solaire et chaud tout à fait bienvenu. Une plus-value appréciable où L’Impératrice se déride enfin un peu et donne un relief supplémentaire à Flore Benguigui, la chanteuse, tout à son aise hors des effets de douceur.
On retrouve bien évidemment la touche house frenchy qui va bien et fonctionne toujours à merveille. L’introduction Cosmogonie tout en instrumental, le délicieux Love from the Other Side ou encore Sweet & Sublime viennent prouver une fois de plus les prédispositions de composition d’un groupe virtuose en la matière.
C’est parfaitement produit, mixé, masterisé et ce soin apporté aux sons est évidemment une des clés de leur succès hors de nos frontières. Tout autant que cette facilité à jongler entre français et anglais dans le texte selon les titres. Preuve supplémentaire de cette reconnaissance, on retrouve des invités internationaux venus prêter main fort et s’éclater: l’artiste italienne Fabiana Mortono, Maggie Rogers ou encore le rappeur Erick the Architect de Flatbush Zombies, excusez du peu.
C’est d’ailleurs là aussi une nouveauté, des éléments rap viennent habiller par segments certains morceaux. Au détour d’un effet de basse (Déjà-Vue), d’un «kick drum» très J Dilla (Girl!), des scratches pour le final (Pulsar) et donc d’un couplet au flow élastique de Erick, on trouve une rythmique plus marquée par-ci, un groove charnel par là et une énergie nouvelle surtout. En s’inspirant autant d’autres univers, L’Impératrice a fini par enrichir le sien et cette faculté à emprunter ailleurs sans copier ni se dénaturer est la principale force de frappe de la troupe à six têtes.
Album mature et éclairé, Pulsar est peut-être bien le meilleur sorti jusqu’ici par L’Impératrice. En s’appuyant sur leur ADN mais en sachant se réinventer, ils ont su trouver le juste équilibre entre confort et marche en avant. Une audace récompensée pour des faiseurs de sons hors pair.
Alexandre De Freitas