Cet album de Yann Cozic devrait plaire aussi bien aux plus jeunes qu’aux plus grands ; pourvu que ces derniers aient conservé une part de leur esprit d’enfance.
Le sort s’acharne sur la petite Moira, la fille unique d’une servante du haut et puissant seigneur de Mardival. Sa mère est morte, son père a été tué et, involontairement, elle brise les reliques d’Albinus de Mardival. Jadis, le fondateur de la dynastie a conclu un pacte avec une bête féroce qui lui permit de conquérir le fief. Depuis, le monstre protège les Mardival. Maudite pour son geste, Moira doit fuir le pays.
Le scénario d’Yann Cozic ne surprendra guère par son inventivité. Il reprend les codes classiques du conte d’initiation : une enfant courageuse, une légende, une malédiction, une fuite en solitaire, la découverte d’un allié, une succession d’obstacles et de combats, et la confrontation finale avec le monstre… Si la résolution est astucieuse, elle est un tantinet trop rapide.
En revanche, Mardival se démarque par la personnalité de son héroïne et la qualité de son dessin. Au départ insouciante, Moira va apprendre à ne compter que sur elle-même jusqu’à sa rencontre avec un guerrier déserteur, lui aussi banni. Sans rien perdre de sa bonne humeur, Moira fera preuve de courage.
Le trait est simple et doux. Les visages sont ronds, mais les postures dynamiques et les paysages finement travaillés. Les couleurs sont très agréables, Cozic joue avec talent avec la gamme des mauves et violets. La très belle couverture toilée en témoigne. Curieusement, le beau gosse se révèlera une fripouille et le personnage le plus attachant pourrait être la fameuse bête, un monstre au design très réussi.
Stéphane de Boysson